Richard Trapitzine et Romé Voulhoux

1 article
Politiser la technique et nos pratiques02/09/2024

Plaidoyer pour une IA humaniste


{"props":{"pageProps":{"author":{"id":"dXNlcjoyMjA1MDcwNzU=","name":"Richard Trapitzine et Romé Voulhoux","posts":{"nodes":[{"id":"cG9zdDoyNTAw","title":"Plaidoyer pour une IA humaniste","uri":"/2024/09/02/plaidoyer-pour-une-ia-humaniste/","date":"2024-09-02T18:07:55","categories":{"nodes":[{"name":"Politiser la technique et nos pratiques","slug":"politiser-la-technique-et-nos-pratiques"}]},"slug":"plaidoyer-pour-une-ia-humaniste","content":"\n\u003cfigure class=\"wp-block-image size-large is-resized\"\u003e\u003cimg data-recalc-dims=\"1\" loading=\"lazy\" decoding=\"async\" width=\"1024\" height=\"672\" data-attachment-id=\"2506\" data-permalink=\"https://changement-de-cap.fr/2024/09/02/plaidoyer-pour-une-ia-humaniste/image-ia/\" data-orig-file=\"https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?fit=1290%2C846\u0026amp;ssl=1\" data-orig-size=\"1290,846\" data-comments-opened=\"1\" data-image-meta=\"{\u0026quot;aperture\u0026quot;:\u0026quot;0\u0026quot;,\u0026quot;credit\u0026quot;:\u0026quot;\u0026quot;,\u0026quot;camera\u0026quot;:\u0026quot;\u0026quot;,\u0026quot;caption\u0026quot;:\u0026quot;\u0026quot;,\u0026quot;created_timestamp\u0026quot;:\u0026quot;0\u0026quot;,\u0026quot;copyright\u0026quot;:\u0026quot;\u0026quot;,\u0026quot;focal_length\u0026quot;:\u0026quot;0\u0026quot;,\u0026quot;iso\u0026quot;:\u0026quot;0\u0026quot;,\u0026quot;shutter_speed\u0026quot;:\u0026quot;0\u0026quot;,\u0026quot;title\u0026quot;:\u0026quot;\u0026quot;,\u0026quot;orientation\u0026quot;:\u0026quot;0\u0026quot;}\" data-image-title=\"image IA\" data-image-description=\"\" data-image-caption=\"\" data-medium-file=\"https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?fit=300%2C197\u0026amp;ssl=1\" data-large-file=\"https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?fit=1024%2C672\u0026amp;ssl=1\" tabindex=\"0\" role=\"button\" src=\"https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?resize=1024%2C672\u0026#038;ssl=1\" alt=\"\" class=\"wp-image-2506\" style=\"width:619px;height:auto\" srcset=\"https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?resize=1024%2C672\u0026amp;ssl=1 1024w, https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?resize=300%2C197\u0026amp;ssl=1 300w, https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?resize=768%2C504\u0026amp;ssl=1 768w, https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?resize=1200%2C787\u0026amp;ssl=1 1200w, https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?w=1290\u0026amp;ssl=1 1290w\" sizes=\"(max-width: 1000px) 100vw, 1000px\" /\u003e\u003c/figure\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eAu lendemain de la dernière guerre mondiale, le photocopieur n’existait pas encore. Venaient d’apparaître les premières calculettes, les plans et les cartes se dessinaient au tire-ligne avec de l’encre de Chine sur du calque transparent, et leurs reproductions s’effectuaient sur du papier ozalid émulsionné, exposé au soleil sur des châssis, avant d’être révélées à la vapeur d’ammoniac. Sur les machines à écrire, les duplicatas des lettres étaient réalisés avec des feuilles de papier carbone. En France la télévision en noir et blanc commençait à envahir nos foyers. La radio et la presse écrite quotidienne constituaient les principaux moyens d’information.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eDepuis lors, les techniques d’Information et de communication n’ont cessé d’évoluer jusqu’à ce que le numérique ne vienne, récemment, révolutionner les moyens d’information et les vitesses de communication.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eEn un demi-siècle nos modes de vie et nos rapports aux autres ont changé. La génération née dans les années trente est certainement celle qui a connu le plus grand nombre de progrès matériels, techniques et scientifiques, présentés comme libérateurs de tâches harassantes à l’image des robots ménagers.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eDe nos jours, l’intelligence artificielle constitue probablement une phase inaboutie de ce que l’on a coutume d’appeler «\u0026nbsp;le progrès\u0026nbsp;». Dès 2018 cependant, certains auteurs comme l’écrivain \u0026#8211; philosophe Eric SADIN ou le mathématicien et Député Cédric VILLANI nous alertaient sur de possibles dérives sociétales susceptibles d’être engendrées par ces évolutions d’apparence libératrices.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eDepuis un peu plus d’un an, en France comme à l’étranger, le thème de l’IA fait la une des grands quotidiens et de l’ensemble des médias.\u003ca href=\"#_ftn1\" id=\"_ftnref1\"\u003e[1]\u003c/a\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eLa presse régionale n’échappe pas à cet effet de mode.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eDans leur ensemble, toutes les publications vantent unanimement les incontestables progrès techniques, scientifiques et économiques, ainsi que les retombées financières générées à l’échelle mondiale par ce nouveau vecteur de connaissance et de profit.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eToutefois, rares sont les media qui se hasardent à anticiper les conséquences sociétales de ces évolutions et les risques qu’elles font encourir à nos démocraties.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eDepuis peu, l’intelligence artificielle de seconde génération, dite «\u0026nbsp;générative\u0026nbsp;» ne se contente plus de gérer de l’information, elle tente de remplacer l’intelligence humaine. Permettra-t-elle demain de préserver l’égalité des citoyens ? Cette question renvoie à la notion d’éthique. Elle nous demande de réfléchir aux engagements à promouvoir afin d’éviter un risque d’asservissement des individus au profit des intérêts de quelques grands décideurs du numérique, manipulateurs d’algorithmes, en association avec le monde politique. Pareille alliance imposerait des choix de société au prétexte que l’IA serait seule capable de traiter un nombre de données bien supérieures à celles captées par un cerveau humain. De là à conclure que l’IA serait beaucoup plus performante devient une évidence. La question se pose alors de savoir si cette alliance du numérique et du politique, en court-circuitant l’avis des citoyens, ne risquerait pas d’annihiler les valeurs fondamentales de nos démocraties que sont\u0026nbsp;: le libre-arbitre, l‘ouverture d’esprit, la tolérance et l’acceptation de l’autre.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eD’ores et déjà, l’IA générative s’implante massivement dans le monde. Elle sera demain accessible à toute personne détentrice d’un smartphone, autrement dit à la majorité des terriens. La question est alors de savoir si cette IA générative, qui prétend remplacer l’intelligence humaine, serait «\u0026nbsp;ouverte\u0026nbsp;» ou bien «\u0026nbsp;contrainte\u0026nbsp;»,\u0026nbsp;pour l’intérêt commun\u0026nbsp;ou seulement celui d’une poignée de décideurs principalement regroupés actuellement, au sein des GAFAM\u003ca href=\"#_ftn2\" id=\"_ftnref2\"\u003e[2]\u003c/a\u003e\u0026nbsp;?\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eA ce jour, si aucune régulation (ou autorégulation) n’est mise en œuvre par les États et leurs institutions, la réponse à ces questions restera entre les mains de cette même poignée de personnes dont la puissance, en particulier financière, ne facilitera pas l’entendement.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eA l’origine, les concepteurs \u0026#8211; détenteurs des algorithmes prétendaient donner accès à une IA pouvant améliorer la vie du plus grand nombre. A la vue des concurrences et des récentes querelles internes, des incommensurables intérêts financiers et des emprises qui en découlent, il devient légitime d’en douter. Un contre-pouvoir doit en conséquence rapidement être mis en place, afin d’imposer l’accès à une IA «\u0026nbsp;bienveillante\u0026nbsp;», que les populations pourront utiliser et exploiter à leur guise, sans contrainte, ni malveillance, une IA dotée d’une éthique, qui pour l’heure reste à définir.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eLes démocrates, les humanistes ont dès lors un rôle à jouer. Cela, sur la base de nos valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Valeurs qui doivent rester garantes d’une exploitation altruiste, bienveillante et bénéfique des nouveaux outils issus de l’IA, par une population qui soit avisée, libre, consciente et responsable.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eAussi, tant que l’IA ne sera pas contrôlée démocratiquement, un fossé inégalitaire ne pourra que se creuser. Rester passifs devant les risques sociaux que fait peser l’IA serait faillir à la mission que nous ont léguée les générations passées depuis le siècle des lumières.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eComment alors parvenir à maîtriser les conséquences sociétales de l’IA\u0026nbsp;? C’est bien là toute la question que nous pose «\u0026nbsp;l’Homme augmenté\u0026nbsp;» afin que moralement et socialement il ne devienne pas un «\u0026nbsp;Homme diminué\u0026nbsp;»\u003ca href=\"#_ftn3\" id=\"_ftnref3\"\u003e[3]\u003c/a\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eDès lors, le devoir des gouvernants dans les pays démocratiques, ne consisterait-t-il pas à maintenir une approche critique des relations entre les citoyens et l’Intelligence Artificielle Générative\u0026nbsp;?\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eL’IA générative constitue le second niveau de l’intelligence artificielle. Elle ne se contente plus de capter, stocker, traiter et émettre de l’information, elle donne des solutions aux problèmes en se substituant à l’intelligence humaine. Elle acquiert ainsi un pouvoir subjectif d’information de conviction et de persuasion d’une extrême puissance à des fins que l\u0026#8217;on peut légitimement questionner. Avec cette IA de seconde génération, les modes et les vitesses de communications ont changé. On observe une multiplication des «\u0026nbsp;fake news\u0026nbsp;» (fausses nouvelles) et des «\u0026nbsp;deepfakes\u0026nbsp;» (mimétisme audio-visuel de discours ou de déclarations mensongères de personnalités)\u003ca href=\"#_ftn4\" id=\"_ftnref4\"\u003e[4]\u003c/a\u003e. Celles-ci font désormais partie des stratégies du monde de l’entreprise, de l’information et de la communication, mais surtout du monde politique au plan national comme au plan international. Le travail pédagogique des enseignants est contesté par des élèves robotisés par des réponses fruits de l’IA et non plus de leur propre réflexion. Le monde de l’entreprise devient disruptif, des pans entiers d’emplois deviennent obsolètes et sont remplacés par de nouveaux métiers. Toute information tend à devenir suspecte, en particulier dans les domaines politique, commercial, et celui de la défense. Cette suspicion à propos de l’information a des conséquences sur les relations internationales, la vie en société, dans les relations entre parents, enfants et enseignants, entre les citoyens eux-mêmes et ceux qui les gouvernent. Elle est à la source du manque de confiance dans les institutions, comme en atteste les pourcentages élevés d’abstentions lors des élections. Fort heureusement le sursaut citoyen manifesté lors des dernières élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024 nous procure une lueur d’espoir pour la défense des valeurs fondamentales de la République, de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité. Toutefois, les résultats de ces élections nous incitent à rester vigilants. La préservation de ces valeurs demeure fragile, en raison justement des évolutions des nouveaux moyens d’information ou de désinformation générés par l’IA.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eComment alors accompagner cette « nouvelle intelligence » pour la rendre compatible avec les valeurs démocratiques de la République, afin\u0026nbsp;d’endiguer les possibles dérives sociétales qu’elle serait susceptible de créer\u0026nbsp;?\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eJusqu’à présent la gouvernance résultait d’une alliance entre le matériel et le spirituel. Elle était décidée par les pouvoirs politiques et/ou religieux, puis imposée par le Droit dans les pays démocratiques ou par des dictats dans les régimes totalitaires. Désormais, avec l’IA un troisième acteur, anonyme celui-là, vient s’inviter dans la préparation des décisions, sans avoir de compte à rendre, car cet acteur est censé être infaillible en raison de la puissance de ses algorithmes, bien supérieure aux capacités des cerveaux humains. En éloignant ainsi l’humain des instances de décisions, l’IA expose la société à des dérives antidémocratiques que nous devons chercher à anticiper.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eJusqu’à nos jours effectivement, la gouvernance consistait à répondre aux besoins de la société par des actions principalement matérialisables physiquement sur l’espace et dûment encadrées par le Droit. Or, bien que nécessaire le Droit, fige la règle et l’empêche de s’adapter aux besoins des populations. Nous observons tout particulièrement ce phénomène dans le domaine de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme. Ce faisant, le Droit privilégie le contenant, sur un contenu non matérialisable par nature. Mais celui-ci, laissé au bon vouloir des décideurs (politiques et/ou religieux), permettait, jusqu’ici à ces derniers, d’apprécier le degré de satisfaction des personnes et de le corriger en conséquence au bénéfice des citoyens dans les pays démocratiques, ou à leur profit dans les régimes totalitaires.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eDésormais, en dictant des décisions formelles aux responsables politiques, en préalable à la décision, l’IA condamne le contenu à devoir s’adapter à un contenant non discutable qu’elle impose. Ainsi, elle réduit d’autant les marges de manœuvres laissées aux Politiques pour la satisfaction des usagers. Il en résulte incontestablement un risque antidémocratique et en même temps à l’inverse, un renforcement des pouvoirs de caractère dictatoriaux. Il n’est donc pas étonnant de constater, à l’occasion des élections présidentielles américaines, un rapprochement, voire une collaboration entre de grands patrons du Web et certains candidats aux élections présidentielles de novembre prochain. De même en Russie la messagerie Telegram dirigée par Pavel Durov agit notamment au service du pouvoir dans les mains de Vladimir Poutine, pour interférer dans les politiques des pays étrangers\u003ca href=\"#_ftn5\" id=\"_ftnref5\"\u003e[5]\u003c/a\u003e.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eComment alors convaincre les grands manitous du Web, manipulateurs des algorithmes, d’accepter de mettre leurs données au service de l’intérêt général et du bien commun et non au seul bénéfice de leurs sociétés et de leurs partenaires\u0026nbsp;?\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003ePlutôt que de nous condamner à subir ces évolutions, devenues inéluctables, l’IA ne pourrait-elle pas se doter d’une autorégulation pour dominer et corriger ses dérives\u0026nbsp;?\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eIl s’agirait d’une part de reconnecter les citoyens entre eux et avec leurs gouvernants, et d’autre part de permettre aux populations d’en exploiter l’extraordinaire puissance à leur propre avantage. Pour préserver la démocratie, nous ne devons pas abandonner l’IA dans les mains de quelques grands manitous d’une alliance politico \u0026#8211; numérique, comme cela se passe de nos jours lors des campagnes électorales et dans les pays aux régimes totalitaires.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003ePour prévenir ces possibles dérives, nous devrons faire preuve plus que jamais d’esprit critique et nous conduire en observateur attentif. Il ne s’agit plus seulement de nous contenter de nous indigner et de les dénoncer, mais également de proposer de nouveaux comportements sociétaux dès le plus jeune âge, par l’éducation, l’acquisition et la transmission des connaissances et par une nouvelle démarche de vie, toujours en quête de vérités pour le progrès humain et moral de nos sociétés.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eIl est permis de se poser la question de savoir si l’Etat de droit, guide de la gouvernance dans les pays démocratiques, est bien préparé à relever les défis de l’IA.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eLes États de l\u0026#8217;Union\u0026nbsp;Européenne\u0026nbsp;(UE) ont semble-t-il pris conscience des risques que font peser ces évolutions technologiques sur la société. Ils ont approuvé le 21 mai 2024, un règlement européen sur l\u0026#8217;intelligence artificielle (IA), avec pour objectifs de\u0026nbsp;:\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cul class=\"wp-block-list\"\u003e\n\u003cli\u003eVeiller à ce que les systèmes d’IA mis sur le marché soient sûrs et respectent la législation en vigueur en matière de droits fondamentaux, les valeurs de l’UE, l\u0026#8217;État de droit et la durabilité environnementale ;\u003c/li\u003e\n\n\n\n\u003cli\u003eGarantir la sécurité juridique afin de faciliter les investissements et l’innovation dans le domaine de l’IA ;\u003c/li\u003e\n\n\n\n\u003cli\u003eRenforcer la gouvernance et l’application effective de la législation existante en matière d\u0026#8217;exigence de sécurité applicable aux systèmes d’IA et de droits fondamentaux ;\u003c/li\u003e\n\n\n\n\u003cli\u003eFaciliter le développement d’un marché unique pour des applications d’IA légales et sûres, et empêcher la fragmentation du marché.\u003c/li\u003e\n\u003c/ul\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eLa cohérence devant être assurée avec la\u0026nbsp;\u003ca href=\"https://www.vie-publique.fr/node/20322\"\u003eCharte des droits fondamentaux de l\u0026#8217;UE\u003c/a\u003e, mais aussi avec le droit dérivé de l\u0026#8217;UE en matière de\u0026nbsp;\u003ca href=\"https://www.vie-publique.fr/node/19588\"\u003eprotection des données\u003c/a\u003e, de\u0026nbsp;protection des consommateurs, de\u0026nbsp;non-discrimination\u0026nbsp;et d\u0026#8217;égalité entre les femmes et les hommes. La proposition complète le droit existant en matière de non-\u003ca href=\"https://www.vie-publique.fr/questions-reponses/292157-intelligence-artificielle-le-cadre-juridique-europeen-en-6-questions\"\u003ediscrimination\u003c/a\u003e\u0026nbsp;en prévoyant des exigences qui visent à réduire au minimum le risque de discrimination algorithmique, assorties d’obligations concernant les\u0026nbsp;essais, la\u0026nbsp;gestion des risques, la\u0026nbsp;documentation\u0026nbsp;et le\u0026nbsp;contrôle humain\u0026nbsp;tout au long du cycle de vie des systèmes d’IA.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eUne telle complexité juridique laisse toutefois perplexe quant à son efficacité, et ce pour plusieurs raisons\u0026nbsp;liées aux :\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cul class=\"wp-block-list\"\u003e\n\u003cli\u003eMode de gouvernance des 27 pays de l’union, compte tenu de leur diversité politique, mais aussi de leur instabilité.\u003c/li\u003e\n\n\n\n\u003cli\u003eDélais d’application imposés qui nécessiteront des arbitrages avec les pays membres\u003c/li\u003e\n\n\n\n\u003cli\u003eConcurrences internationales entre Etats (La Chine et la Russie ne sont pas liées par cette loi).\u003c/li\u003e\n\n\n\n\u003cli\u003eEt surtout par les réticences des opérateurs, à l’image de Mark Zuckerberg le patron du géant du web américain META, lequel, a refusé de communiquer ses données à l’Union Européenne, sous prétexte de réglementions qu’il juge incertaines, mais qui en réalité craint de perdre une partie de son pouvoir et de ses profits.\u003c/li\u003e\n\u003c/ul\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eCes mesures vertueuses de l’Union Européenne se heurtent à l’évidence aux intérêts financiers des grands responsables du numérique. De plus elles ne s’attaquent principalement qu’aux aspects pratiques, techniques, juridiques et politiques posés par l’IA, donc davantage à la forme de sa mise en œuvre qu’à ses conséquences au regard de la société.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eEn premier lieu l’IA, doit être accompagnée d’une éthique humaniste afin de replacer l’homme au centre des évolutions sociétales et ne pas laisser les machines algorithmiques prendre sa place pour guider le devenir de l’humanité. Cette éthique accompagnatrice de l’IA serait ainsi appelée à devenir, pour tous les hommes de bonne volonté, un nouvel outil de gouvernance capable de rééquilibrer dans le cœur des hommes les notions indissociables, à la fois antagonistes et complémentaires, que sont le matériel et le spirituel.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eCe grand bouleversement qu\u0026#8217;impose actuellement l\u0026#8217;IA à l\u0026#8217;humanité s\u0026#8217;impose également au monde de la Recherche. La quantité considérable de métadonnées prédictives, générées quasi instantanément par des outils de plus en plus puissants dopés par l’IA, oblige désormais cette communauté à s’engager dans une profonde réflexion d’éthique scientifique. Il est, d’une part, impératif que chaque chercheur garde le contrôle et le libre arbitre sur l’analyse et l’interprétation des données issues de l’IA. Celles-ci ne doivent jamais être prises pour argent comptant, même si elles semblent on ne peut plus évidentes. Elles doivent impérativement être confrontées et validées par d’autres données expérimentales indépendantes, consécutives ou non. D’autre part, des limitations s’imposent de manière évidente, non seulement dans la quantité de données générées mais aussi dans la nature des questionnements scientifiques. En d\u0026#8217;autres termes, l\u0026#8217;explosion inexorable des avancées scientifiques permises par l\u0026#8217;IA dans tous les domaines, déjà largement perceptible aujourd\u0026#8217;hui, doit définitivement conduire la communauté scientifique à faire des choix dans ses champs d’exploration, afin de rechercher en permanence, le bonheur de l’humanité, non par une quête infinie de connaissances, mais désormais, au travers d’une amélioration constante des choix algorithmiques. Ces considérations éthiques méritent d\u0026#8217;être réexaminées à la même cadence que l’évolution vertigineuse de ces nouvelles technologies afin de maintenir une Science continuellement sous contrôle, que ce soit dans sa réalisation mais aussi dans ses orientations. Comme pour la société, l\u0026#8217;IA doit être et rester au service de la Science et du chercheur.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eEn complément, face aux risques sociétaux engendrés par l’IA, les manipulateurs d’algorithmes, en particulier ceux des IA génératives, devront accepter de se laisser habiter par le doute, et vérifier la portée de leurs découvertes et des orientations qu’ils préconisent. Ils devront également s’efforcer d’anticiper les dérives possibles dans les rapports humains et la société en général, et accompagner leurs prédictions de mécanismes autorégulateurs dûment validés et rendus opposables par les institutions étatiques et des gouvernances démocratiques.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eQuant aux citoyens, qu’ils prennent garde de ne pas se laisser aveugler par des éclats trompeurs des feux de l’IA. Prenons dans l’IA, cette langue d’Esope, le bon pour la société, le progrès technique et scientifique, la préservation des équilibres environnementaux. Dotons-nous de nouvelles règles morales capables de maîtriser la révolution sociétale à l’échelle mondiale provoquée par l’IA. N’oublions pas que le véritable progrès pour l’humanité réside dans la recherche inlassable du bonheur pour les humains. Celui-ci passe par l’immatériel, le spirituel, le sensible, le ressenti avant le matériel, le profit et l’appas du gain, c’est-à-dire par l’Etre avant l’Avoir, ce que présentement l’IA semble un peu trop délaisser à en croire certaines publications citées précédemment.\u003cstrong\u003e\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eCette remise en question des relations humaines par l’IA devrait mobiliser tous ceux qui sont conscients des risques qu’elle fait peser sur les équilibres du monde. Seul un grand courant humaniste et démocrate fort à l’échelle de la France et des autres pays démocratiques pourrait s’avérer capable de relever ce challenge. La maîtrise des conséquences de l’IA sur la société ne deviendra réalité qu’à la condition de replacer l’humain à sa juste place dans la révolution sociétale actuelle générée par l’IA.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eLe train de cette révolution sociétale est en marche. Ne nous contentons pas de le regarder passer. A la lumière des évolutions du numérique, revisitons notre système d’enseignement des connaissances, leur diffusion sur les réseaux sociaux à l’adresse des moins de 30 ans et plus particulièrement des 10 à 20 ans. Créons des lieux d’échanges (réels et virtuels), des écoles comparatives de courants philosophiques, afin de permettre à chacun de choisir à l’âge adulte son propre chemin de vie en homme libre et responsable de son destin, avec pour finalité la recherche permanente du bonheur des individus dans le respect et la sauvegarde des équilibres environnementaux. Objectif dans lequel une IA au service des populations, aurait toute sa place et serait susceptible de devenir réalité. Car, le vivre ensemble ne se décrète pas, il se prépare, s’apprend, s’accepte par le dialogue, l’échange, la concertation et la participation citoyenne.\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eCe vœu direz-vous, relève de l’utopie dans le cadre des gouvernances actuelles basées sur la performance et encadrées par le droit. A bien y regarder, le droit qui dirige les institutions dans les pays démocratiques prend racine sur des critères matériels, donc faciles à encadrer physiquement, car ils touchent directement le quotidien des personnes. Ce droit laisse de côté le spirituel, le sensible, le ressenti, qui mesurent l’état de satisfaction des individus.\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eEn privilégiant le matériel par rapport à l’immatériel, l’Avoir au détriment de l’Etre, le droit délègue ce faisant la dimension spirituelle de la gouvernance au bon vouloir des responsables politiques et religieux dont les pouvoirs se trouvent désormais fortement confortés par l’intelligence artificielle générative.\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eL’alliance du Politique et du Religieux (du matériel et du spirituel), qui domine le monde depuis 6000 ans et qui continuera de le dominer, doit à présent s’adapter à la révolution numérique générée par l’IA. Elle a su le faire dans le passé pour d’autres révolutions technologiques, lors de la découverte de l’écriture chez les Egyptiens voilà plus de 5000 ans, de l’imprimerie par Gutenberg en 1450 et plus récemment au siècle dernier, de l’atome et de l’audio-visuel.\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eSi l’on y prend garde, en asservissant les personnes aux décisions prises par un pouvoir représentatif soumis à l’influence des machines algorithmiques sans que ces mêmes personnes y soient associées, nous fabriquons insidieusement un nouvel esclavage\u0026nbsp;annonciateur de la fin des régimes démocratiques dans le monde\u0026nbsp;!\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003ePrenons en conscience et agissons.\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eFrançois Rabelais au XVIème siècle écrivait\u0026nbsp;: «\u0026nbsp;Science sans conscience ne serait que ruine de l’âme\u0026nbsp;». S’il revenait, il pourrait écrire\u0026nbsp;: «\u0026nbsp;IA sans conscience ne serait que ruine morale de l’humanité\u0026nbsp;».\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eAlors ne nous contentons pas de regarder passer le train de la révolution sociétale générée par l’IA. Proposons en ce domaine un changement de Cap, en replaçant l’Homme au cœur de la gouvernance des États.\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp class=\"has-text-align-center\"\u003e*\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003e\u003cem\u003eRichard TRAPITZINE est Docteur en Urbanisme, Urbaniste honoraire, auteur de l’ouvrage\u003c/em\u003e\u003c/strong\u003e \u003cstrong\u003e\u003cem\u003e« Pour un urbanisme humaniste » aux Editions l’Harmattan – septembre 2018\u003c/em\u003e\u003c/strong\u003e.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003e\u003cem\u003eRomé VOULHOUX est Docteur en Microbiologie, Directeur de Recherche au CNRS\u003c/em\u003e\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003chr class=\"wp-block-separator has-alpha-channel-opacity\"/\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003ca href=\"#_ftnref1\" id=\"_ftn1\"\u003e[1]\u003c/a\u003e Ci-après quelques publications françaises relatives à l’IA au cours de 2024:\u003cbr\u003e\u0026#8211; Hors-série du Courrier international de février – mars 2024,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Hors-série du Point de février 2024,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Les Echos, chaque vendredi publie un podcast sur l’IA\u003cbr\u003e\u0026#8211; Le trimestriel « La Recherche » d’avril à juin 2024, Challenge du 15 février 2024,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Science et Avenir de janvier à mars 2024,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Le journal Le Monde des 3 novembre 2023 et 14 mars 2024,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Le bimensuel Harvard Business Review de février – mars 2024,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Le trimestriel Actu IA,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Le n° 18 du magazine « Innovation en éducation »\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003ca href=\"#_ftnref2\" id=\"_ftn2\"\u003e[2]\u003c/a\u003e GAFAM est un acronyme reprenant l\u0026#8217;initiale des « géants du net », représentant les plus puissantes multinationales des technologies de l\u0026#8217;information et de la communication. Ces lettres font référence aux cinq plus grosses entreprises du secteur, \u003cstrong\u003eG\u003c/strong\u003eoogle, \u003cstrong\u003eA\u003c/strong\u003epple, \u003cstrong\u003eF\u003c/strong\u003eacebook, \u003cstrong\u003eA\u003c/strong\u003emazon, et \u003cstrong\u003eM\u003c/strong\u003eicrosoft.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003ca href=\"#_ftnref3\" id=\"_ftn3\"\u003e[3]\u003c/a\u003e « L’homme augmenté » de Raphaël GAILLARD – Editions Grasset \u0026#8211; janvier 2024\u003cbr\u003e« L’homme diminué » de Marius BERTOLUCCI – Editions Harmann – octobre 2023\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003ca href=\"#_ftnref4\" id=\"_ftn4\"\u003e[4]\u003c/a\u003e Lire à ce sujet le rapport d la commission d’enquête du Sénat sur les influences étrangères publié le 10 avril 2024.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003ca href=\"#_ftnref5\" id=\"_ftn5\"\u003e[5]\u003c/a\u003e Récemment Elon Musk le patron de Tesla à la tête d’une grande société manipulatrice d’algorithmes s’est déclaré en faveur de Donald Trump, allant même jusqu’à diffuser sur les réseaux sociaux des deepfakes à l’encontre de ses adversaires. Le patron de Telegram Pavel Durov a récemment été mis en examen en France, pour refus de communiquer les informations nécessaires aux interceptions autorisées par la loi, telles que : complicité de délits et de crimes qui organisent sur Instagram, trafic de stupéfiants, pédocriminalité, escroquerie et blanchiment en bande organisée.\u003c/p\u003e\n","author":{"node":{"id":"dXNlcjoyMjA1MDcwNzU="}}}]}},"posts":[{"id":"cG9zdDoyNTAw","title":"Plaidoyer pour une IA humaniste","uri":"/2024/09/02/plaidoyer-pour-une-ia-humaniste/","date":"2024-09-02T18:07:55","categories":{"nodes":[{"name":"Politiser la technique et nos pratiques","slug":"politiser-la-technique-et-nos-pratiques"}]},"slug":"plaidoyer-pour-une-ia-humaniste","content":"\n\u003cfigure class=\"wp-block-image size-large is-resized\"\u003e\u003cimg data-recalc-dims=\"1\" loading=\"lazy\" decoding=\"async\" width=\"1024\" height=\"672\" data-attachment-id=\"2506\" data-permalink=\"https://changement-de-cap.fr/2024/09/02/plaidoyer-pour-une-ia-humaniste/image-ia/\" data-orig-file=\"https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?fit=1290%2C846\u0026amp;ssl=1\" data-orig-size=\"1290,846\" data-comments-opened=\"1\" data-image-meta=\"{\u0026quot;aperture\u0026quot;:\u0026quot;0\u0026quot;,\u0026quot;credit\u0026quot;:\u0026quot;\u0026quot;,\u0026quot;camera\u0026quot;:\u0026quot;\u0026quot;,\u0026quot;caption\u0026quot;:\u0026quot;\u0026quot;,\u0026quot;created_timestamp\u0026quot;:\u0026quot;0\u0026quot;,\u0026quot;copyright\u0026quot;:\u0026quot;\u0026quot;,\u0026quot;focal_length\u0026quot;:\u0026quot;0\u0026quot;,\u0026quot;iso\u0026quot;:\u0026quot;0\u0026quot;,\u0026quot;shutter_speed\u0026quot;:\u0026quot;0\u0026quot;,\u0026quot;title\u0026quot;:\u0026quot;\u0026quot;,\u0026quot;orientation\u0026quot;:\u0026quot;0\u0026quot;}\" data-image-title=\"image IA\" data-image-description=\"\" data-image-caption=\"\" data-medium-file=\"https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?fit=300%2C197\u0026amp;ssl=1\" data-large-file=\"https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?fit=1024%2C672\u0026amp;ssl=1\" tabindex=\"0\" role=\"button\" src=\"https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?resize=1024%2C672\u0026#038;ssl=1\" alt=\"\" class=\"wp-image-2506\" style=\"width:619px;height:auto\" srcset=\"https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?resize=1024%2C672\u0026amp;ssl=1 1024w, https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?resize=300%2C197\u0026amp;ssl=1 300w, https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?resize=768%2C504\u0026amp;ssl=1 768w, https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?resize=1200%2C787\u0026amp;ssl=1 1200w, https://i0.wp.com/changement-de-cap.fr/wp-content/uploads/2024/09/image-IA.jpeg?w=1290\u0026amp;ssl=1 1290w\" sizes=\"(max-width: 1000px) 100vw, 1000px\" /\u003e\u003c/figure\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eAu lendemain de la dernière guerre mondiale, le photocopieur n’existait pas encore. Venaient d’apparaître les premières calculettes, les plans et les cartes se dessinaient au tire-ligne avec de l’encre de Chine sur du calque transparent, et leurs reproductions s’effectuaient sur du papier ozalid émulsionné, exposé au soleil sur des châssis, avant d’être révélées à la vapeur d’ammoniac. Sur les machines à écrire, les duplicatas des lettres étaient réalisés avec des feuilles de papier carbone. En France la télévision en noir et blanc commençait à envahir nos foyers. La radio et la presse écrite quotidienne constituaient les principaux moyens d’information.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eDepuis lors, les techniques d’Information et de communication n’ont cessé d’évoluer jusqu’à ce que le numérique ne vienne, récemment, révolutionner les moyens d’information et les vitesses de communication.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eEn un demi-siècle nos modes de vie et nos rapports aux autres ont changé. La génération née dans les années trente est certainement celle qui a connu le plus grand nombre de progrès matériels, techniques et scientifiques, présentés comme libérateurs de tâches harassantes à l’image des robots ménagers.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eDe nos jours, l’intelligence artificielle constitue probablement une phase inaboutie de ce que l’on a coutume d’appeler «\u0026nbsp;le progrès\u0026nbsp;». Dès 2018 cependant, certains auteurs comme l’écrivain \u0026#8211; philosophe Eric SADIN ou le mathématicien et Député Cédric VILLANI nous alertaient sur de possibles dérives sociétales susceptibles d’être engendrées par ces évolutions d’apparence libératrices.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eDepuis un peu plus d’un an, en France comme à l’étranger, le thème de l’IA fait la une des grands quotidiens et de l’ensemble des médias.\u003ca href=\"#_ftn1\" id=\"_ftnref1\"\u003e[1]\u003c/a\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eLa presse régionale n’échappe pas à cet effet de mode.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eDans leur ensemble, toutes les publications vantent unanimement les incontestables progrès techniques, scientifiques et économiques, ainsi que les retombées financières générées à l’échelle mondiale par ce nouveau vecteur de connaissance et de profit.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eToutefois, rares sont les media qui se hasardent à anticiper les conséquences sociétales de ces évolutions et les risques qu’elles font encourir à nos démocraties.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eDepuis peu, l’intelligence artificielle de seconde génération, dite «\u0026nbsp;générative\u0026nbsp;» ne se contente plus de gérer de l’information, elle tente de remplacer l’intelligence humaine. Permettra-t-elle demain de préserver l’égalité des citoyens ? Cette question renvoie à la notion d’éthique. Elle nous demande de réfléchir aux engagements à promouvoir afin d’éviter un risque d’asservissement des individus au profit des intérêts de quelques grands décideurs du numérique, manipulateurs d’algorithmes, en association avec le monde politique. Pareille alliance imposerait des choix de société au prétexte que l’IA serait seule capable de traiter un nombre de données bien supérieures à celles captées par un cerveau humain. De là à conclure que l’IA serait beaucoup plus performante devient une évidence. La question se pose alors de savoir si cette alliance du numérique et du politique, en court-circuitant l’avis des citoyens, ne risquerait pas d’annihiler les valeurs fondamentales de nos démocraties que sont\u0026nbsp;: le libre-arbitre, l‘ouverture d’esprit, la tolérance et l’acceptation de l’autre.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eD’ores et déjà, l’IA générative s’implante massivement dans le monde. Elle sera demain accessible à toute personne détentrice d’un smartphone, autrement dit à la majorité des terriens. La question est alors de savoir si cette IA générative, qui prétend remplacer l’intelligence humaine, serait «\u0026nbsp;ouverte\u0026nbsp;» ou bien «\u0026nbsp;contrainte\u0026nbsp;»,\u0026nbsp;pour l’intérêt commun\u0026nbsp;ou seulement celui d’une poignée de décideurs principalement regroupés actuellement, au sein des GAFAM\u003ca href=\"#_ftn2\" id=\"_ftnref2\"\u003e[2]\u003c/a\u003e\u0026nbsp;?\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eA ce jour, si aucune régulation (ou autorégulation) n’est mise en œuvre par les États et leurs institutions, la réponse à ces questions restera entre les mains de cette même poignée de personnes dont la puissance, en particulier financière, ne facilitera pas l’entendement.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eA l’origine, les concepteurs \u0026#8211; détenteurs des algorithmes prétendaient donner accès à une IA pouvant améliorer la vie du plus grand nombre. A la vue des concurrences et des récentes querelles internes, des incommensurables intérêts financiers et des emprises qui en découlent, il devient légitime d’en douter. Un contre-pouvoir doit en conséquence rapidement être mis en place, afin d’imposer l’accès à une IA «\u0026nbsp;bienveillante\u0026nbsp;», que les populations pourront utiliser et exploiter à leur guise, sans contrainte, ni malveillance, une IA dotée d’une éthique, qui pour l’heure reste à définir.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eLes démocrates, les humanistes ont dès lors un rôle à jouer. Cela, sur la base de nos valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Valeurs qui doivent rester garantes d’une exploitation altruiste, bienveillante et bénéfique des nouveaux outils issus de l’IA, par une population qui soit avisée, libre, consciente et responsable.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eAussi, tant que l’IA ne sera pas contrôlée démocratiquement, un fossé inégalitaire ne pourra que se creuser. Rester passifs devant les risques sociaux que fait peser l’IA serait faillir à la mission que nous ont léguée les générations passées depuis le siècle des lumières.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eComment alors parvenir à maîtriser les conséquences sociétales de l’IA\u0026nbsp;? C’est bien là toute la question que nous pose «\u0026nbsp;l’Homme augmenté\u0026nbsp;» afin que moralement et socialement il ne devienne pas un «\u0026nbsp;Homme diminué\u0026nbsp;»\u003ca href=\"#_ftn3\" id=\"_ftnref3\"\u003e[3]\u003c/a\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eDès lors, le devoir des gouvernants dans les pays démocratiques, ne consisterait-t-il pas à maintenir une approche critique des relations entre les citoyens et l’Intelligence Artificielle Générative\u0026nbsp;?\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eL’IA générative constitue le second niveau de l’intelligence artificielle. Elle ne se contente plus de capter, stocker, traiter et émettre de l’information, elle donne des solutions aux problèmes en se substituant à l’intelligence humaine. Elle acquiert ainsi un pouvoir subjectif d’information de conviction et de persuasion d’une extrême puissance à des fins que l\u0026#8217;on peut légitimement questionner. Avec cette IA de seconde génération, les modes et les vitesses de communications ont changé. On observe une multiplication des «\u0026nbsp;fake news\u0026nbsp;» (fausses nouvelles) et des «\u0026nbsp;deepfakes\u0026nbsp;» (mimétisme audio-visuel de discours ou de déclarations mensongères de personnalités)\u003ca href=\"#_ftn4\" id=\"_ftnref4\"\u003e[4]\u003c/a\u003e. Celles-ci font désormais partie des stratégies du monde de l’entreprise, de l’information et de la communication, mais surtout du monde politique au plan national comme au plan international. Le travail pédagogique des enseignants est contesté par des élèves robotisés par des réponses fruits de l’IA et non plus de leur propre réflexion. Le monde de l’entreprise devient disruptif, des pans entiers d’emplois deviennent obsolètes et sont remplacés par de nouveaux métiers. Toute information tend à devenir suspecte, en particulier dans les domaines politique, commercial, et celui de la défense. Cette suspicion à propos de l’information a des conséquences sur les relations internationales, la vie en société, dans les relations entre parents, enfants et enseignants, entre les citoyens eux-mêmes et ceux qui les gouvernent. Elle est à la source du manque de confiance dans les institutions, comme en atteste les pourcentages élevés d’abstentions lors des élections. Fort heureusement le sursaut citoyen manifesté lors des dernières élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024 nous procure une lueur d’espoir pour la défense des valeurs fondamentales de la République, de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité. Toutefois, les résultats de ces élections nous incitent à rester vigilants. La préservation de ces valeurs demeure fragile, en raison justement des évolutions des nouveaux moyens d’information ou de désinformation générés par l’IA.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eComment alors accompagner cette « nouvelle intelligence » pour la rendre compatible avec les valeurs démocratiques de la République, afin\u0026nbsp;d’endiguer les possibles dérives sociétales qu’elle serait susceptible de créer\u0026nbsp;?\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eJusqu’à présent la gouvernance résultait d’une alliance entre le matériel et le spirituel. Elle était décidée par les pouvoirs politiques et/ou religieux, puis imposée par le Droit dans les pays démocratiques ou par des dictats dans les régimes totalitaires. Désormais, avec l’IA un troisième acteur, anonyme celui-là, vient s’inviter dans la préparation des décisions, sans avoir de compte à rendre, car cet acteur est censé être infaillible en raison de la puissance de ses algorithmes, bien supérieure aux capacités des cerveaux humains. En éloignant ainsi l’humain des instances de décisions, l’IA expose la société à des dérives antidémocratiques que nous devons chercher à anticiper.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eJusqu’à nos jours effectivement, la gouvernance consistait à répondre aux besoins de la société par des actions principalement matérialisables physiquement sur l’espace et dûment encadrées par le Droit. Or, bien que nécessaire le Droit, fige la règle et l’empêche de s’adapter aux besoins des populations. Nous observons tout particulièrement ce phénomène dans le domaine de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme. Ce faisant, le Droit privilégie le contenant, sur un contenu non matérialisable par nature. Mais celui-ci, laissé au bon vouloir des décideurs (politiques et/ou religieux), permettait, jusqu’ici à ces derniers, d’apprécier le degré de satisfaction des personnes et de le corriger en conséquence au bénéfice des citoyens dans les pays démocratiques, ou à leur profit dans les régimes totalitaires.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eDésormais, en dictant des décisions formelles aux responsables politiques, en préalable à la décision, l’IA condamne le contenu à devoir s’adapter à un contenant non discutable qu’elle impose. Ainsi, elle réduit d’autant les marges de manœuvres laissées aux Politiques pour la satisfaction des usagers. Il en résulte incontestablement un risque antidémocratique et en même temps à l’inverse, un renforcement des pouvoirs de caractère dictatoriaux. Il n’est donc pas étonnant de constater, à l’occasion des élections présidentielles américaines, un rapprochement, voire une collaboration entre de grands patrons du Web et certains candidats aux élections présidentielles de novembre prochain. De même en Russie la messagerie Telegram dirigée par Pavel Durov agit notamment au service du pouvoir dans les mains de Vladimir Poutine, pour interférer dans les politiques des pays étrangers\u003ca href=\"#_ftn5\" id=\"_ftnref5\"\u003e[5]\u003c/a\u003e.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eComment alors convaincre les grands manitous du Web, manipulateurs des algorithmes, d’accepter de mettre leurs données au service de l’intérêt général et du bien commun et non au seul bénéfice de leurs sociétés et de leurs partenaires\u0026nbsp;?\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003ePlutôt que de nous condamner à subir ces évolutions, devenues inéluctables, l’IA ne pourrait-elle pas se doter d’une autorégulation pour dominer et corriger ses dérives\u0026nbsp;?\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eIl s’agirait d’une part de reconnecter les citoyens entre eux et avec leurs gouvernants, et d’autre part de permettre aux populations d’en exploiter l’extraordinaire puissance à leur propre avantage. Pour préserver la démocratie, nous ne devons pas abandonner l’IA dans les mains de quelques grands manitous d’une alliance politico \u0026#8211; numérique, comme cela se passe de nos jours lors des campagnes électorales et dans les pays aux régimes totalitaires.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003ePour prévenir ces possibles dérives, nous devrons faire preuve plus que jamais d’esprit critique et nous conduire en observateur attentif. Il ne s’agit plus seulement de nous contenter de nous indigner et de les dénoncer, mais également de proposer de nouveaux comportements sociétaux dès le plus jeune âge, par l’éducation, l’acquisition et la transmission des connaissances et par une nouvelle démarche de vie, toujours en quête de vérités pour le progrès humain et moral de nos sociétés.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eIl est permis de se poser la question de savoir si l’Etat de droit, guide de la gouvernance dans les pays démocratiques, est bien préparé à relever les défis de l’IA.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eLes États de l\u0026#8217;Union\u0026nbsp;Européenne\u0026nbsp;(UE) ont semble-t-il pris conscience des risques que font peser ces évolutions technologiques sur la société. Ils ont approuvé le 21 mai 2024, un règlement européen sur l\u0026#8217;intelligence artificielle (IA), avec pour objectifs de\u0026nbsp;:\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cul class=\"wp-block-list\"\u003e\n\u003cli\u003eVeiller à ce que les systèmes d’IA mis sur le marché soient sûrs et respectent la législation en vigueur en matière de droits fondamentaux, les valeurs de l’UE, l\u0026#8217;État de droit et la durabilité environnementale ;\u003c/li\u003e\n\n\n\n\u003cli\u003eGarantir la sécurité juridique afin de faciliter les investissements et l’innovation dans le domaine de l’IA ;\u003c/li\u003e\n\n\n\n\u003cli\u003eRenforcer la gouvernance et l’application effective de la législation existante en matière d\u0026#8217;exigence de sécurité applicable aux systèmes d’IA et de droits fondamentaux ;\u003c/li\u003e\n\n\n\n\u003cli\u003eFaciliter le développement d’un marché unique pour des applications d’IA légales et sûres, et empêcher la fragmentation du marché.\u003c/li\u003e\n\u003c/ul\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eLa cohérence devant être assurée avec la\u0026nbsp;\u003ca href=\"https://www.vie-publique.fr/node/20322\"\u003eCharte des droits fondamentaux de l\u0026#8217;UE\u003c/a\u003e, mais aussi avec le droit dérivé de l\u0026#8217;UE en matière de\u0026nbsp;\u003ca href=\"https://www.vie-publique.fr/node/19588\"\u003eprotection des données\u003c/a\u003e, de\u0026nbsp;protection des consommateurs, de\u0026nbsp;non-discrimination\u0026nbsp;et d\u0026#8217;égalité entre les femmes et les hommes. La proposition complète le droit existant en matière de non-\u003ca href=\"https://www.vie-publique.fr/questions-reponses/292157-intelligence-artificielle-le-cadre-juridique-europeen-en-6-questions\"\u003ediscrimination\u003c/a\u003e\u0026nbsp;en prévoyant des exigences qui visent à réduire au minimum le risque de discrimination algorithmique, assorties d’obligations concernant les\u0026nbsp;essais, la\u0026nbsp;gestion des risques, la\u0026nbsp;documentation\u0026nbsp;et le\u0026nbsp;contrôle humain\u0026nbsp;tout au long du cycle de vie des systèmes d’IA.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eUne telle complexité juridique laisse toutefois perplexe quant à son efficacité, et ce pour plusieurs raisons\u0026nbsp;liées aux :\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cul class=\"wp-block-list\"\u003e\n\u003cli\u003eMode de gouvernance des 27 pays de l’union, compte tenu de leur diversité politique, mais aussi de leur instabilité.\u003c/li\u003e\n\n\n\n\u003cli\u003eDélais d’application imposés qui nécessiteront des arbitrages avec les pays membres\u003c/li\u003e\n\n\n\n\u003cli\u003eConcurrences internationales entre Etats (La Chine et la Russie ne sont pas liées par cette loi).\u003c/li\u003e\n\n\n\n\u003cli\u003eEt surtout par les réticences des opérateurs, à l’image de Mark Zuckerberg le patron du géant du web américain META, lequel, a refusé de communiquer ses données à l’Union Européenne, sous prétexte de réglementions qu’il juge incertaines, mais qui en réalité craint de perdre une partie de son pouvoir et de ses profits.\u003c/li\u003e\n\u003c/ul\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eCes mesures vertueuses de l’Union Européenne se heurtent à l’évidence aux intérêts financiers des grands responsables du numérique. De plus elles ne s’attaquent principalement qu’aux aspects pratiques, techniques, juridiques et politiques posés par l’IA, donc davantage à la forme de sa mise en œuvre qu’à ses conséquences au regard de la société.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eEn premier lieu l’IA, doit être accompagnée d’une éthique humaniste afin de replacer l’homme au centre des évolutions sociétales et ne pas laisser les machines algorithmiques prendre sa place pour guider le devenir de l’humanité. Cette éthique accompagnatrice de l’IA serait ainsi appelée à devenir, pour tous les hommes de bonne volonté, un nouvel outil de gouvernance capable de rééquilibrer dans le cœur des hommes les notions indissociables, à la fois antagonistes et complémentaires, que sont le matériel et le spirituel.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eCe grand bouleversement qu\u0026#8217;impose actuellement l\u0026#8217;IA à l\u0026#8217;humanité s\u0026#8217;impose également au monde de la Recherche. La quantité considérable de métadonnées prédictives, générées quasi instantanément par des outils de plus en plus puissants dopés par l’IA, oblige désormais cette communauté à s’engager dans une profonde réflexion d’éthique scientifique. Il est, d’une part, impératif que chaque chercheur garde le contrôle et le libre arbitre sur l’analyse et l’interprétation des données issues de l’IA. Celles-ci ne doivent jamais être prises pour argent comptant, même si elles semblent on ne peut plus évidentes. Elles doivent impérativement être confrontées et validées par d’autres données expérimentales indépendantes, consécutives ou non. D’autre part, des limitations s’imposent de manière évidente, non seulement dans la quantité de données générées mais aussi dans la nature des questionnements scientifiques. En d\u0026#8217;autres termes, l\u0026#8217;explosion inexorable des avancées scientifiques permises par l\u0026#8217;IA dans tous les domaines, déjà largement perceptible aujourd\u0026#8217;hui, doit définitivement conduire la communauté scientifique à faire des choix dans ses champs d’exploration, afin de rechercher en permanence, le bonheur de l’humanité, non par une quête infinie de connaissances, mais désormais, au travers d’une amélioration constante des choix algorithmiques. Ces considérations éthiques méritent d\u0026#8217;être réexaminées à la même cadence que l’évolution vertigineuse de ces nouvelles technologies afin de maintenir une Science continuellement sous contrôle, que ce soit dans sa réalisation mais aussi dans ses orientations. Comme pour la société, l\u0026#8217;IA doit être et rester au service de la Science et du chercheur.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eEn complément, face aux risques sociétaux engendrés par l’IA, les manipulateurs d’algorithmes, en particulier ceux des IA génératives, devront accepter de se laisser habiter par le doute, et vérifier la portée de leurs découvertes et des orientations qu’ils préconisent. Ils devront également s’efforcer d’anticiper les dérives possibles dans les rapports humains et la société en général, et accompagner leurs prédictions de mécanismes autorégulateurs dûment validés et rendus opposables par les institutions étatiques et des gouvernances démocratiques.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eQuant aux citoyens, qu’ils prennent garde de ne pas se laisser aveugler par des éclats trompeurs des feux de l’IA. Prenons dans l’IA, cette langue d’Esope, le bon pour la société, le progrès technique et scientifique, la préservation des équilibres environnementaux. Dotons-nous de nouvelles règles morales capables de maîtriser la révolution sociétale à l’échelle mondiale provoquée par l’IA. N’oublions pas que le véritable progrès pour l’humanité réside dans la recherche inlassable du bonheur pour les humains. Celui-ci passe par l’immatériel, le spirituel, le sensible, le ressenti avant le matériel, le profit et l’appas du gain, c’est-à-dire par l’Etre avant l’Avoir, ce que présentement l’IA semble un peu trop délaisser à en croire certaines publications citées précédemment.\u003cstrong\u003e\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003eCette remise en question des relations humaines par l’IA devrait mobiliser tous ceux qui sont conscients des risques qu’elle fait peser sur les équilibres du monde. Seul un grand courant humaniste et démocrate fort à l’échelle de la France et des autres pays démocratiques pourrait s’avérer capable de relever ce challenge. La maîtrise des conséquences de l’IA sur la société ne deviendra réalité qu’à la condition de replacer l’humain à sa juste place dans la révolution sociétale actuelle générée par l’IA.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eLe train de cette révolution sociétale est en marche. Ne nous contentons pas de le regarder passer. A la lumière des évolutions du numérique, revisitons notre système d’enseignement des connaissances, leur diffusion sur les réseaux sociaux à l’adresse des moins de 30 ans et plus particulièrement des 10 à 20 ans. Créons des lieux d’échanges (réels et virtuels), des écoles comparatives de courants philosophiques, afin de permettre à chacun de choisir à l’âge adulte son propre chemin de vie en homme libre et responsable de son destin, avec pour finalité la recherche permanente du bonheur des individus dans le respect et la sauvegarde des équilibres environnementaux. Objectif dans lequel une IA au service des populations, aurait toute sa place et serait susceptible de devenir réalité. Car, le vivre ensemble ne se décrète pas, il se prépare, s’apprend, s’accepte par le dialogue, l’échange, la concertation et la participation citoyenne.\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eCe vœu direz-vous, relève de l’utopie dans le cadre des gouvernances actuelles basées sur la performance et encadrées par le droit. A bien y regarder, le droit qui dirige les institutions dans les pays démocratiques prend racine sur des critères matériels, donc faciles à encadrer physiquement, car ils touchent directement le quotidien des personnes. Ce droit laisse de côté le spirituel, le sensible, le ressenti, qui mesurent l’état de satisfaction des individus.\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eEn privilégiant le matériel par rapport à l’immatériel, l’Avoir au détriment de l’Etre, le droit délègue ce faisant la dimension spirituelle de la gouvernance au bon vouloir des responsables politiques et religieux dont les pouvoirs se trouvent désormais fortement confortés par l’intelligence artificielle générative.\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eL’alliance du Politique et du Religieux (du matériel et du spirituel), qui domine le monde depuis 6000 ans et qui continuera de le dominer, doit à présent s’adapter à la révolution numérique générée par l’IA. Elle a su le faire dans le passé pour d’autres révolutions technologiques, lors de la découverte de l’écriture chez les Egyptiens voilà plus de 5000 ans, de l’imprimerie par Gutenberg en 1450 et plus récemment au siècle dernier, de l’atome et de l’audio-visuel.\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eSi l’on y prend garde, en asservissant les personnes aux décisions prises par un pouvoir représentatif soumis à l’influence des machines algorithmiques sans que ces mêmes personnes y soient associées, nous fabriquons insidieusement un nouvel esclavage\u0026nbsp;annonciateur de la fin des régimes démocratiques dans le monde\u0026nbsp;!\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003ePrenons en conscience et agissons.\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eFrançois Rabelais au XVIème siècle écrivait\u0026nbsp;: «\u0026nbsp;Science sans conscience ne serait que ruine de l’âme\u0026nbsp;». S’il revenait, il pourrait écrire\u0026nbsp;: «\u0026nbsp;IA sans conscience ne serait que ruine morale de l’humanité\u0026nbsp;».\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003eAlors ne nous contentons pas de regarder passer le train de la révolution sociétale générée par l’IA. Proposons en ce domaine un changement de Cap, en replaçant l’Homme au cœur de la gouvernance des États.\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp class=\"has-text-align-center\"\u003e*\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003e\u003cem\u003eRichard TRAPITZINE est Docteur en Urbanisme, Urbaniste honoraire, auteur de l’ouvrage\u003c/em\u003e\u003c/strong\u003e \u003cstrong\u003e\u003cem\u003e« Pour un urbanisme humaniste » aux Editions l’Harmattan – septembre 2018\u003c/em\u003e\u003c/strong\u003e.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003cstrong\u003e\u003cem\u003eRomé VOULHOUX est Docteur en Microbiologie, Directeur de Recherche au CNRS\u003c/em\u003e\u003c/strong\u003e\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003chr class=\"wp-block-separator has-alpha-channel-opacity\"/\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003ca href=\"#_ftnref1\" id=\"_ftn1\"\u003e[1]\u003c/a\u003e Ci-après quelques publications françaises relatives à l’IA au cours de 2024:\u003cbr\u003e\u0026#8211; Hors-série du Courrier international de février – mars 2024,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Hors-série du Point de février 2024,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Les Echos, chaque vendredi publie un podcast sur l’IA\u003cbr\u003e\u0026#8211; Le trimestriel « La Recherche » d’avril à juin 2024, Challenge du 15 février 2024,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Science et Avenir de janvier à mars 2024,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Le journal Le Monde des 3 novembre 2023 et 14 mars 2024,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Le bimensuel Harvard Business Review de février – mars 2024,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Le trimestriel Actu IA,\u003cbr\u003e\u0026#8211; Le n° 18 du magazine « Innovation en éducation »\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003ca href=\"#_ftnref2\" id=\"_ftn2\"\u003e[2]\u003c/a\u003e GAFAM est un acronyme reprenant l\u0026#8217;initiale des « géants du net », représentant les plus puissantes multinationales des technologies de l\u0026#8217;information et de la communication. Ces lettres font référence aux cinq plus grosses entreprises du secteur, \u003cstrong\u003eG\u003c/strong\u003eoogle, \u003cstrong\u003eA\u003c/strong\u003epple, \u003cstrong\u003eF\u003c/strong\u003eacebook, \u003cstrong\u003eA\u003c/strong\u003emazon, et \u003cstrong\u003eM\u003c/strong\u003eicrosoft.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003ca href=\"#_ftnref3\" id=\"_ftn3\"\u003e[3]\u003c/a\u003e « L’homme augmenté » de Raphaël GAILLARD – Editions Grasset \u0026#8211; janvier 2024\u003cbr\u003e« L’homme diminué » de Marius BERTOLUCCI – Editions Harmann – octobre 2023\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003ca href=\"#_ftnref4\" id=\"_ftn4\"\u003e[4]\u003c/a\u003e Lire à ce sujet le rapport d la commission d’enquête du Sénat sur les influences étrangères publié le 10 avril 2024.\u003c/p\u003e\n\n\n\n\u003cp\u003e\u003ca href=\"#_ftnref5\" id=\"_ftn5\"\u003e[5]\u003c/a\u003e Récemment Elon Musk le patron de Tesla à la tête d’une grande société manipulatrice d’algorithmes s’est déclaré en faveur de Donald Trump, allant même jusqu’à diffuser sur les réseaux sociaux des deepfakes à l’encontre de ses adversaires. Le patron de Telegram Pavel Durov a récemment été mis en examen en France, pour refus de communiquer les informations nécessaires aux interceptions autorisées par la loi, telles que : complicité de délits et de crimes qui organisent sur Instagram, trafic de stupéfiants, pédocriminalité, escroquerie et blanchiment en bande organisée.\u003c/p\u003e\n","author":{"node":{"id":"dXNlcjoyMjA1MDcwNzU="}}}],"slug":"trapitzine-voulhoux"},"__N_SSG":true},"page":"/authors/[slug]","query":{"slug":"trapitzine-voulhoux"},"buildId":"llaLTW-O8ScQj-EoSn8pc","isFallback":false,"isExperimentalCompile":false,"gsp":true,"locale":"fr","locales":["fr"],"defaultLocale":"fr","scriptLoader":[]}