n°= 10: Un autre avenir possible 1/09/2019

ClimatMondialisation
Après la pause de l’été, nous reprenons la publication d’articles et de nos lettres bimensuelles qui voudraient alimenter la réflexion sur les multiples aspects de ce que pourrait être un changement de cap. Nous voudrions faire de l’eccap un outil de réflexion, de formation, ouvert à tous ceux qui souhaiteraient participer et qui partagent nos convictions (voir eccap, lettre n°1 et avant-propos).

La notion même de changement de cap amène à prendre acte des bouleversements en cours, y compris au niveau mondial. Après la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin, le livre de F. Fukuyama paru en 1992 intitulé « La fin de l’histoire et le dernier homme » pouvait donner à penser que la suprématie de la démocratie et du libéralisme était définitivement assurée. Mais les pays du G7 réunis récemment à Biarritz ( France, Allemagne, Italie, Royaume Uni, , Etats-Unis, Canada, Japon) ne représentent plus que 40% de la richesse mondiale mesurée par leur PIB contre 70% il y a 45 ans. Avec l’arrivée de Trump à la présidence de la démocratie la plus ancienne, on ne peut que s’inquiéter de la fragilité des institutions démocratiques. Et si les Etats-Unis sont incontestablement la première puissance militaire, Trump dans sa volonté de s’en tenir étroitement aux intérêts des Etats-Unis, affiche un certain repli par rapport au reste du monde. Ce qui contraste de manière saisissante avec les ambitions de Xi-Jin Ping de faire à nouveau de la Chine la première puissance mondiale, grâce notamment aux multiples partenariats que permettent les nouvelles routes de la soie[i]. L’importance actuelle et à venir de la Chine, qui n’est pas un modèle de démocratie, nous entraîne bien loin de Fukuyama.

Ceci étant, les résultats du G7 représentent sans doute, grâce à la politique menée par E.Macron, l’optimum de ce que l’on pouvait en espérer. Qu’il s’agisse d’éviter une coupure grandissante entre les Etats-Unis et l’Europe en calmant quelque peu les foucades de Trump, du refus de signer le Mercosur en l’état actuel, de l’intérêt porté à la protection de la forêt amazonienne, avec les modestes perspectives de reforestation, en opposition à la politique catastrophique menée par le président brésilien Bolsonaro. Qu’il s’agisse aussi des avancées concernant la fiscalité des multinationales du numérique sur laquelle nous reviendrons.

Les opposants à E.Macron ont évidemment raison de souligner que la volonté de ne pas signer le traité Mercosur en l’état est bien tardive et qu’il ne fallait pas signer le traité CETA avec le Canada qui présente des dangers évidents.

Plus généralement, l’eccap considère qu’un véritable changement de cap suppose de remettre en question toute une idéologie qui tourne autour de la volonté de faire de la France une start-up nation, ou qui ambitionne de voir le plus de français possible devenir millionnaire ou milliardaire… L’eccap veut apporter sa pierre à la lutte en cours contre un capitalisme néo-libéral qui s’inquiète lui-même de son avenir (tant les dégâts qu’il entraîne sont gravissimes), contre les risques de la numérisation, de l’homme augmenté etc. avec la conscience du tragique de notre situation. Un article récent du Monde du 17 août 2019 était titré « Ecologie, climat : l’effondrement n’est pas inéluctable ». Nous partageons l’analyse des six chercheurs signataires qui considèrent que « la panique de la collapsologie est tout aussi paralysante que la certitude des climatosceptiques » Ces chercheurs plaident pour une mobilisation concertée alliant militance citoyenne, décideurs politiques et entreprises.
Nous poursuivons donc notre effort en collaboration (avec tous ceux qui le veulent bien) pour les changements radicaux qui s’imposent en envisageant un autre avenir possible. En sachant que l’avenir se joue aussi bien au niveau des idées que des réalisations innovantes si modestes soient-elles parfois.
 


[i]
Peter Frankopan. Les nouvelles routes de la soie. 2018.

 

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