témoignage sur le télé-enseignement

EnseignementVivre ensemble
Témoignage sur le télé-enseignement
 
Je suis enseignante en économie et gestion dans une classe préparatoire publique qui permet à des étudiants de tous milieux socioculturels, titulaires d’un diplôme de niveau bac+2, de valider une licence et de préparer les concours des grandes écoles de commerce ou l’accès à des masters universitaires. J’ai donc été confrontée à l’utilisation des plateformes en ligne (plateforme du CNED) pour l’ensemble de mes cours dès le 16 mars au matin.
Mon sentiment vis-à-vis de ces plateformes et de la société sans contact est ambivalent : Oui, bien entendu, rien ne remplace les cours en face à face, la relation humaine étudiant-professeur. Notre public d’élèves fonctionne beaucoup à l’affectif et a besoin d’être encouragé, valorisé, intéressé dans une relation « en présentiel ».
Mais d’un autre côté, l’utilisation des plateformes a ouvert des champs nouveaux dans ma manière d’enseigner : j’ai ainsi invité des participants qui ne se seraient jamais déplacés dans ma classe d’Antibes : intellectuels, journalistes, amis vivant aux Etats-Unis ou ailleurs dans le monde. Les étudiants ont ainsi pu les interroger, les écouter, s’ouvrir l’esprit. La plateforme peut être un formidable outil d’ouverture sociale et de gommage des distances culturelles et géographiques. Les étudiants se sont sentis privilégiés d’avoir une relation de proximité, même en ligne, avec les intervenants.J’ai aussi profité de cette plateforme pour organiser des réunions à distance avec mes collègues de France enseignant dans le même type de classes préparatoires. Nous avons mutualisé nos méthodes, nos contacts avec les grandes écoles. Grâce à ces visioconférences, nous nous sommes senti(e)s moins seul(e)s pendant la période de confinement et nous avons conservé une énergie et un dynamisme contagieux pour les étudiants. Ils ont d’ailleurs traversé au mieux cette période de crise et ont très bien réussi les concours malgré le contexte.
J’espère malgré tout retrouver en septembre une salle de classe classique pour découvrir les visages de la nouvelle promotion et prendre le temps de créer une relation. Une année complète en « cours à distance » est difficilement envisageable.Idéalement, je compte à l’avenir jouer sur les deux tableaux : inviter des intervenants sur la plateforme en ligne, mais privilégier l’enseignement dans une salle de classe pour maintenir le fil toujours ténu et fragile de la motivation des étudiants.  
 
Bénédicte Girault-Borghèse  
 
 
Bénédicte Girault-Borghèse est  agrégée en économie et gestion et professeure référente de la CPGE ATS du lycée Jacques Audiberti d’Antibes (classe préparatoire aux concours des grandes écoles de commerce réservée à des étudiants titulaires d’un bac +2);