Sol, n.c.

AgricultureEcologie
 « Le sol est bien bas » constate le paysan pour dire combien le travail de la terre est fatigant, que rien n’y pousse sans un réel effort et qu’à force de se courber on esquinte son dos… Le mot « sol » appartient au provençal, les dictionnaristes le repèrent au XIIe siècle, comme ils remarquent son existence au même moment en castillan, catalan et italien. Le français tarde à s’en emparer et il le fait au cours du XVIe siècle à partir du latin solum, qui désigne tout ce qui constitue la partie plate et inférieure de quelque chose qui peut être le pavement d’une pièce (son sol), l’aire de battage du blé, la surface de la terre (le sol des champs), etc. Si cette couche inférieure à quelque chose en-dessous d’elle, on parlera alors de « sous-sol ». Le sous-solage est un labour en profondeur pratiqué avec une sous-soleuse, charrue atteignant la couche ultime de la terre arable. Le mot savant « solifluction » figure dans le vocabulaire des géologues, il associe solum et fluctio (« action de couler »), pour évoquer un glissement de terrain. Pierre Larousse, dans son inestimable Grand dictionnaire universelle du XIXe siècle (1866-1878) précise que la latin solum veut dire « base », « fondement », d’où solea, « semelle », « sandale ». Sa racine sanscrite sal contient l’idée d’« aller », de « se mouvoir », mais le linguiste Frédéric Gustave Eichloff (1799-1875) suggère de rapprocher le latin solum du grec telos et du sanscrit talan, « surface plane », « fond », « base » de la racine tal, « fixer », « établir ». Pierre Larousse poursuit en donnant cette définition du sol : « couche de l’écorce terrestre qui, modifiée de mille manières dans ses propriétés physiques ou mécaniques comme dans sa composition chimique, fournit aux végétaux cultivés le support où ils sont fixés et le milieu dans lequel ils puisent par leurs racines tout ou partie des substances nécessaires à leur développement. » À présent, pour la plupart des gens, le mot « sol » est synonyme de « terre », or le latin terra dérive du sanscrit tars, « être sec ». N’oublions pas que dans la Bible la terre est nommée arida qui en latin signifie la « chose sèche ». Le sol n’est pas la planète Terre pas plus que la « terre » entendue comme humus ou comme un des quatre éléments énumérés par Empédocle (eau, terre, air et feu), qui sont cinq en Orient (on y ajoute selon les cultures le bois ou le fer). La terre que l’on cultive est bien un sol qu’on fertilise, le « terreau » résulte du mélange de terre avec du fumier, il peut aussi être « naturel » lorsque la terre contient des végétaux en décomposition. Fabriquer du terreau se dit « terreauter », d’où « terreautage » action de le produire, terme d’horticulture. Est « terrestre » tout ce qui dépend de la terre sur Terre, en opposition à « céleste ». Ce dernier terme acquiert, au cours de la chrétienté occidentale, le sens de « spirituel », « qui a de l’esprit » (spiritus), le contraire de ce qui est « terre-à-terre »…
 
 La planète Terre est avant tout constituée d’eau (à environ 70%) avec les océans, les mers, les fleuves, les lacs, etc., néanmoins elle dispose de 13,5 milliards d’hectares de terres émergées, dont 22% (grosso modo 3 milliards) sont cultivables et 50% seulement mis en culture. Les agricultures (il en existe toute une variété) impactent plus ou moins le sol selon qu’elles le respectent ou au contraire l’épuisent afin d’obtenir des rendements excessifs et ceci, parfois à quelques parcelles de distance… Le productivisme qui s’impose à la fin du XVIIIe siècle dans les premiers pays à s’industrialiser, commence par mécaniser le travail agricole et à y introduire de la chimie, ce qui aura pour conséquence quasi immédiates l’exode rural d’une part et la monoculture intensive de l’autre. La colonisation entreprise par les puissances occidentales exporte tout au long des XIX et XXe siècles cette conception d’une culture de rente au détriment d’une agriculture vivrière capable de nourrir convenablement les paysans et une partie des villageois. Tout comme le productivisme dans l’industrie, le productivisme dans l’agriculture pratique le culte du « progrès scientifique » au service de l’accroissement de la production sans se soucier de ses effets sur les cultures locales, la santé des habitants et leur bien-être. Avec la généralisation de la mécanisation – on a récemment expérimenté des tracteurs sans conducteur entièrement téléguidés par des logiciels relayés par une liaison satellitaire -, les terres ont été « remembrées » c’est-à-dire réunies, quitte à remblayer les fossés, à arracher des bosquets d’arbres, à supprimer les haies, à niveler le relief, à détourner une rivière, bref, à saccager tout un ensemble d’écosystèmes et à désorganiser profondément plusieurs « chaînes alimentaires », ce qui se solde par la disparition de nombreuses espèces animales et végétales dont les vies en dépendaient et par une homogénéisation du paysage. Avec un tel processus de rentabilisation du sol et d’extorsion de son humus, c’est la terre elle-même qui se trouve blessée, appauvrie, dénaturée. Outre une agriculture agressive (et régressive !), le sol se voit également artificialisé, et souvent imperméabilisé, par une urbanisation inconsidérée qui s’accompagne d’équipements spatiophages (stades, parkings, centres commerciaux, routes et autoroutes, etc.). Cette agriculture productiviste (qui fonctionne principalement à base d’énergie fossile non renouvelable, le pétrole) et cette urbanisation destructrice des villages, bourgs et villes – à dire vrai elle fabrique de la non-campagne et de la non-ville – participent pleinement à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre qui entraine un dérèglement climatique perturbant les cycles « naturels » et organiques de reconstitution du sol. Ainsi, celui-ci est-il attaqué de tous les côtés…Que faire ? 

 « La vie se développe dans trois milieux, expliquent Claude et Lydia Bourguignon : l’air, l’eau et le sol. Contrairement aux deux premiers milieux qui sont purement minéraux, le sol se caractérise par le fait qu’il est organominéral. Cette caractéristique lui confère deux propriétés : la première est que le sol n’existe que sur la planète Terre (…) La deuxième (…) est sa fragilité. Alors que l’air et l’eau sont formés de composés minéraux dont les attaches sont atomiques donc très solides, le sol est formé d’attaches électriques qui sont faciles à rompre. » Il convient par conséquent de considérer le sol ni comme une ressource abondante que l’on pourrait gaspiller à notre guise, ni comme une marchandise mais comme un ami exigeant qui nous veut du bien pour autant que la réciproque soit vraie !« Le sol est donc, selon les pédologues Claude et Lydia Bourguignon, le fruit d’une synergie entre les argiles provenant de la roche mère et de l’humus provenant des débris organiques. » Le mot « argile » (du latin argilla) est donné à une terre imperméable qu’on peut modeler telle la glaise. Selon la Bible, Adam, le premier homme doit son nom à l’hébreu adama, la « terre » à partir de laquelle il aurait été façonné par Dieu. L’humus en latin désigne la matière organique du sol. Il est possible que humanus, « humain » en français, soit apparenté à humus, entendu comme « ce qui est terrestre ». On le voit, notre humanité s’enracine dans le sol, c’est à partir de lui qu’elle peut se déployer en une culture capable de résoudre la question de la rareté. Cela n’a pas échapper à plus d’un peuple qui entretenait avec la terre-mère un lien religieux, mystique, mythologique, comme si nous n’étions ce que nous étions que par sa bienveillante attention… Pourtant notre connaissance du sol, de ses caractéristiques et propriétés est assez récente. Encore une fois les époux Bourguignon : « Les phénomènes qui entraînent la formation des sols se regroupent en trois types : décomposition, migration, accumulation. » Chacun de ces processus est facile à comprendre ainsi que leurs interrelations. 

 Comme il me parait impossible de résumer un ouvrage aussi documenté et riche d’informations scientifiques, je me contenterais d’indiquer deux de ses « temps forts » : abandonner le labour et privilégier le semis direct sous couvert et partout mettre en avant la rotation et l’association. Le premier conseil signifie rompre avec l’agriculture productiviste soutenue par les États, les institutions internationales, les industries agro-alimentaires, les semenciers et autres entreprises qui dopent la terre à la chimie, ce qui se traduit par un combat long et difficile, tant ces intervenants sont puissants et déterminés. La permaculture, l’agroforesterie, l’agriculture « bio », le semis direct sous couvert et d’autres pratiques « organiques », économes en eau, en énergie et en « entrant » industriel, appartiennent à un autre univers mental : il ne s’agit pas de les exalter comme des alternatives à l’agriculture capitaliste (avec ses tracteurs robotisés et ses fermes-usines), mais comme un « art de vivre » qui considère la faune et la flore comme des « colocaterres », si j’ose cette expression… Le second conseil n’est pas le retour à l’assolement triennal qui n’a pas que des mérites, il vise à l’alternance des cultures si bénéfique aux plantes cultivées comme à la recomposition du sol. « En alternant, précisent-ils, les plantes sarclées (betterave, pomme de terre) et les céréales, on évite la pullulation des mêmes espèces de mauvaises herbes d’une année sur l’autre. Sans cela, leur envahissement finirait par étouffer la culture. Grâce à la rotation, on peut limiter l’usage des pesticides et des herbicides (…) » La phytosociologie nous enseigne les inimitiés et amitiés entre les plantes : « certaines espèces se détestent, le haricot et l’oignon, par exemple, alors que d’autres se stimulent, comme l’ail et la fraise. » On le voit, le sol – si différent d’un lieu à un autre, selon le climat, l’hydrographie, le relief, les savoir-faire, le statut juridique, etc.- réclame une attention qui échappe au marché. Sa valeur n’a pas de prix. En cela il est précieux. « Sur les cent six éléments qui constituent la planète Terre, indiquent Claude et Lydia Bourguignon, seuls trente-quatre seraient nécessaires à la vie et seize absolument indispensables aux plantes » Or, « (…) nous n’apportons que trois éléments sous forme d’engrais : l’azote, le potassium et le phosphore. » Ces engrais chimiques ne répondent pas aux attentes du sol et leur usage intempestif s’avère plus nocif qu’enrichissant, du moins à moyen et long terme. Toute vie organique possède ses rythmes et ses « aliments », brusquer les premiers et méconnaitre les seconds revient à la fragiliser, à la mettre en péril. 

 « Par le biais des minuscules cristaux qui les composent, écrit Daniel Nahon, professeur de géo-sciences, les sols ont su retenir les nutriments nécessaires au développement de la vie végétale qui en retour, au gré des saisons, lui restituent à travers la litière éléments minéraux et molécules organiques. Dans ce va-et-vient biogéochimique, des milliards et des milliards de micro-organismes démontent et remontent les molécules en nouvelles molécules, puisant dans ce mécanisme leur propre énergie et la restituant sous d’autres formes. La végétation, qui se gorge d’eau et de gaz atmosphérique pour les transformer en matière grâce à l’énergie solaire, respire lentement, mais rythme depuis quelques millions d’années l’évolution des hominidés. » Les productivistes – ces apprentis-sorciers admiratifs de leur propre prétention – sont convaincus par la logique du toujours plus, sans se préoccuper des limites intrinsèques à la Terre, ils ignorent la notion même d’empreinte écologique… « Au début du XXIe siècle, note Daniel Nahon, chaque habitant de la planète ne dispose que de 800 mètres carrés de terre arable alors qu’un habitant d’Europe occidentale, pour satisfaire son besoin en nourriture (surface en pâtures pour animaux, en cultures, en forêts…), nécessiterait 1 400 mètres carrés et un habitant des États-Unis 4 000 mètres carrés. » On peut gausser des heures sur le mode de calcul de l’empreinte écologique elle nous indique, en gros, une tendance irréversible indiscutable qu’on peut résumer ainsi : le mode de vie dominant n’est pas compatible avec les capacités terrestres au point où il consomme plus que ce que la terre peut fournir. Une telle formulation, bien générale, suffit pour nous remettre les pieds sur terre et questionner ce mode de vie au point d’en appeler à décroitre, et ce dans tous les domaines (transports et donc tourisme, chauffage et donc architecture, alimentation et donc viande, etc.). Qui est prêt à quitter le chemin de la croissance pour choisir celui de la frugalité joyeuse ou de la sobriété heureuse ? « Désormais, constate Daniel Nahon, la perte de terres arables par excès d’exploitation du sol est une triste réalité. Près d’un quart des terres utilisés par l’homme est dégradé. Bien plus, le sol est constamment grignoté par le développement urbain. On estime que, dans les grands pays industrialisés, ce sont une à plusieurs centaines d’hectares par jour qui sont consommés pour le développement des villes : en Allemagne, 14 mètres carrés de sol par jour et plus de 100 mètres carrés par seconde aux États-Unis disparaissent dans l’urbanisation. » Si ces chiffres sont parfois contestés, ou discutés, la tendance qu’ils indiquent reflètent bien la réalité, l’urbanisation ne cesse de prendre du terrain…

 Les terres agricoles régressent au fur et à mesure que le font urbain s’étend. Entre 1960 et 2007, la France a cédé 5,1 millions d’hectares de terres arables, soit 110 000 hectares par an, à l’urbanisation directe (terrains à bâtir) ou indirecte (infrastructures de transport, chantiers, cimetières, terrains vagues, carrières, décharges, jardins d’agrément et pelouses…) qui les artificialisent et les imperméabilisent. La vogue tenace de l’habitation individuelle isolée a été accompagnée d’une augmentation de superficie et du logement (plus 15 m2 entre 1984 et 2006) et du jardin (500 m2 en 1974 et 720 m2 après 1999) et d’une demande de transport (d’où de nouvelles routes, voies ferrées, parkings, etc.). Une telle artificialisation des sols concerne toute l’union Européenne, sauf, nous disent Philippe Pointereau et Frédéric Coulon, « la Belgique et l’Espagne qui ont vu leurs surfaces agricoles croître sur la période récente (2003-2003) alors que les pertes les plus importante exprimées en pourcent de la SAU sont observées dans le nouveaux pays entrant (pays baltes, Pologne, Slovénie, Bulgarie). » L’abandon des terres agricoles (forêts, chasse, extension non cultivée…) semble moins significatif que l’artificialisation, qui répond à l’étalement urbain. Une revitalisation des bourgs existants et des habitations inoccupées, une production agricole domestique (potagers, vergers, etc.) ou énergétique, pourrait stopper la « banlieusiation du territoire » dénoncée déjà en 1972 par Bernard Charbonneau. En ville, ce sont toujours les entre-deux (pourtant indispensables à la respiration d’un quartier à celle des habitants), les jardins, les abords des stades et autres équipements sportifs, les friches ferroviaires qui sont bétonnées sans vergogne. Ou bien l’on démolit une maison d’un ou deux étages pour y planter un gratte-ciel qui place dans son ombre d’autres habitations basses… Tout citadin constate que « la forme d’une ville change, hélas, plus vite que le cœur d’un mortel », pour reprendre le vers célèbre de Baudelaire. Légiférer est une bonne chose, or les dérogations, si fréquentes, viennent en contrecarrer les principes vertueux. Le foncier urbain est avant tout spéculatif. C’est de l’argent qui peut rapporter gros. Aussi faut-il le sortir des règles habituelles du marché capitaliste. Pour cela, soit il est municipalisé (c’est l’idée de Murray Bookchin), soit il devient une propriété coopérative comme l’imaginait Ebenezer Howard pour la cité-jardin. Les habitants ne sont propriétaires que de leur habitation, pas du terrain. C’est là une véritable révolution qui s’attaque au sacro-saint droit de propriété qui selon Rousseau et avant lui Tomas More est à l’origine des inégalités et de l’inurbanité.

 Le sol est malmené et de plus il est marchandisé. Des États et des firmes privées achètent des terres dans d’autres pays afin d’y développer une agriculture intensive pour alimenter leur propre marché au détriment de l’approvisionnement des populations locales, non seulement dépossédées mais expulsées ou pour spéculer sur les biens alimentaires. Une organisation non gouvernementale basée à Barcelone, Grain, s’efforce depuis 2008 de tenir à jour une banque de données sur les transactions foncières à l’échelle planétaire. Il s’agit d’un Monopoly rural en quelque sorte… En 2016, Grain dénombrait 491 transactions de terres (achat ou location) pour l’alimentation ou l’agriculture, soit 30 millions d’hectares répartis dans 78 pays. Une autre banque de données d’experts en agronomie, Land Matrix, recensait 1 100 transferts de propriété, soit 38 millions d’hectares. Autant dire que la fourchette est serrée et concerne toujours les mêmes pays « cibles » : Mali, Sénégal, Soudan du sud, Indonésie, Pakistan, Philippines, Argentine, Russie… Trois États offrent de nombreuses opportunités foncières, le Mozambique, l’Éthiopie et l’Australie et acceptent les investissements étrangers. Qui recherchent ces terres ? La Malaisie est incontestablement le premier investisseur foncier avec un 3,5 millions d’hectares, talonnée par les États-Unis (plus de 3 millions), la Grande-Bretagne (environ 2 millions d’hectares), Singapour, l’Arabie saoudite, l’Inde, les Pays-Bas.  Parmi les acheteurs, les Chinois. La Chine s’urbanise en construisant sur des terres agricoles ce qui réduit la production locale, les Chinois se mettent à consommer de la viande, ce qui entraine une augmentation des importations en soja et maïs destinés aux cheptels. Les investissements chinois dans l’agriculture hors de la Chine avoisinent, pour la période 2010-2018, 94 milliards de dollars, dont la moitié depuis deux ans. Les pays visés sont l’Argentine, le Chili, le Brésil, le Mozambique, le Nigéria, le Zimbabwe, le Cambodge, le Laos pour un total cumulé des terres acquises de 9 millions d’hectares ! Un promoteur immobilier de Shanghai a acheté en 2016 le plus grand ranch du monde, Kidman & C°, en Australie, 2,5% des terres agricoles du pays et 185 000 têtes de bétail ! En Nouvelle-Zélande ce sont des fermes laitières que les industriels chinois de l’alimentation, Bright Food, Yili et Pengxin, possèdent et dans aux portes du Berry, 1 700 hectares de champs céréaliers (Indre et Allier), sans compter des vignobles dans le Bordelais (3%). L’on parle de land grabbing ou « accaparement des terres », qui ne consiste pas toujours dans captation de l’usage d’une terre mais parfois aussi de l’expulsion de la population qui y réside. Des villages entiers sont contraints de quitter leur terre, des nouveaux « agriculteurs » s’y installent sans se soucier des traditions qui les imprègnent et des cultes ancestraux qui y étaient pratiqués.

 Depuis quelques décennies, et bien marginalement, des associations – et parfois des États, comme l’Équateur et la Nouvelle-Zélande- attribuent à un fleuve ou une forêt le statut de personnalité juridique leur permettant de défendre leur cause au tribunal. Cette land ethic prônée par Aldo Leopold vise à doter la faune et la flore d’une capacité à contrer les agissements de certains humains à leur endroit et ainsi les protéger de toute altération. Il ne s’agit pas d’une déclaration de principe du genre, « ce sont des biens communs », mais de modifier les systèmes juridiques en place dans la plupart des États pour que le sol ne soit ni dénaturé, ni détruit. Les conditions de sa mise en culture ou de son affectation à tel ou tel usage ne dépend plus du bon vouloir de son possesseur, mais relève de l’ensemble de la société des humains et des vivants. Le sol a donc un droit qui ne peut être bafoué par un quelconque agriculteur, transporteur, promoteur ou élu. Ceci est une attitude récente et encore pas assez répandue. Il est grand temps de la populariser.

Lectures
Bourguignon Claude et Lydia (2009), Le sol, la terre et les champs. Pour retrouver une agriculture saine, Paris, Sang de la Terre.
Charbonneau Bernard (1972), Vers la banlieue totale, Préface de Thierry Paquot, postface de Daniel Céruzuelle, Paris, Eterotopia-France, 2018.
GRAIN (2016), Accaparement mondial des terres agricoles rn 2016. Ampleur et impact, Barcelone, ONG-Grain.
Nahon Daniel (2008), L’épuisement de la terre. L’enjeu du XXIe siècle, Paris, Odile Jacob.
Pointreau Philippe, Coulon Frédéric (2009), « Abandon et artificialisation des terres agricoles », Courrier de l’environnement, n°57, Paris, Inra.