L’Encyclopédie du changement de cap en Commun : où en sommes-nous ?

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Depuis l’automne, et particulièrement les rencontres initiées lors de l’Université d’été d’Utopia et des convivialistes à Sète en octobre 2022, l’Archipel des Confluences[1] a été lancé. Au sein de cette dynamique, une équipe de travail s’est mise à l’œuvre afin de questionner comment notre projet de l’Eccap pourrait s’articuler avec cette volonté de tisser des liens et catalyser des initiatives.

Un projet inscrit dans les Confluences et les Communs[2] !

En novembre, un groupe de travail composé des animateurs de l’Eccap, Guy Roustang, Florine Garlot et Pierre-Alain Cardona en lien avec des acteurs investis dans le champ des Communs numériques, dont Didier Fradin et Claude Henry s’est lancé. Premier réflexe de tout processus autour de la construction d’un Commun : documenter toutes les étapes du processus. Un site wiki a été lancé[3]. Il est en « construction » et n’a pas vocation à devenir un site internet vitrine.

Cela permet de rendre compte de l’avancement du projet et de son processus. Cette approche est une dimension importante des Communs : permettre à chaque nouvelle personne de pouvoir rejoindre le projet, de le rendre ainsi accueillant à toutes nouvelles énergies.

A l’origine, Guy Roustang avait évoqué l’Eccap comme un Wikipedia du changement de cap. Un Site internet permettant de relier et connecter de la connaissance et donc des contributeurs, au service d’un dessein bien plus ambitieux : la nécessité de changer de cap, de modèle économique comme d’imaginaire institutionnel pour faire une référence à un auteur inspirant, Cornelius Castoriadis[4]. Ce changement de cap ne peut s’inscrire uniquement dans le cadre d’un espace numérique unique mais bien dans un archipel d’initiatives déjà à l’œuvre.

Un texte rédigé à plusieurs mains présente de manière synthétique notre intention !

« Les incertitudes d’ordre écologiques et économiques, la perte de confiance continue dans nos institutions, l’infobésité, les fake news… sont facteurs d’instabilité et génèrent des antagonismes, comme en témoignent la violence qui s’installe jour après jour dans nos échanges, et l’entre-soi amplifié par le fonctionnement en algorithmes des réseaux “sociaux”. Cependant ce contexte peut aussi être le déclencheur d’une bifurcation nécessaire, nous ramenant à la nature complexe du monde auquel nous appartenons.

Une telle rupture demande que la place du politique devienne centrale, en particulier face aux pouvoirs économiques et financiers. Des expériences existantes montrent l’intérêt d’un élargissement du « pouvoir politique » au-delà du corps des élus (et des institutions), c’est à dire à l’ensemble du corps social organisé reliant toustes les act.eurs|rices qui contribuent à faire et à penser la société. Et pour que ce corps social puisse créer les conditions d’une transformation de la société, il va en premier lieu devoir s’attaquer aux « objets en tension » auquel il est confronté.

A partir de l’expérience de l’Encyclopédie du Changement de Cap, nous nous proposons de contribuer à nourrir, en relation avec l’ensemble des agrégateurs de connaissance existants, les conditions d’un dialogue des savoirs, intergénérationnel, hors des binarités politiciennes, tenant compte de la place de l’individu, des collectifs de travail, des organisations et institutions.
Se dégagent quatre intentions, correspondant à des niveaux d’investissement :

1. Collecter, organiser, éventuellement accompagner la création de contenus (articles, podcast, vidéos), sur un serveur ouvert à l’interopérabilité des données.
2. Mettre en évidence les tensions et interactions entre les contenus collectés pour alimenter des échanges contradictoires : des controverses, qui ne sont ni des polémiques, ni des pugilats, ni des clash.
3. Donner à voir des méthodologies de mise en controverses expérimentées dans les différents espaces et/ou théorisées
4. Tisser des relations vivantes entre auteurs, initiatives, lectorat, en concevant une architecture et une sémantique des liens en relation avec les autres acteurices du secteur, une façon de créer le « désir d’archipel », en le rendant visible.

Il s’agit de constituer ensemble un espace contributif de ressources et de partage des savoirs, dans la diversité des points de vue, de façon à faciliter pour chacun la construction de ses opinions, et de se saisir de moyens d’agir individuels et collectifs.

Les contributeurs de ce texte (Claude Henry, Florine Garlot, Pierre-Alain Cardona, Didier Fradin, Olivier Picot et Guy Roustang) souhaitent élargir ainsi la mission de l’Eccap pour initier des premières alliances.

Une première alliance : le Collectif des associations citoyennes[5].

Ce Collectif appelé le CAC, est une plateforme de mobilisation des associations citoyennes qui se reconnaissent dans leur dimension de transformation sociale. Olivier Picot, l’un de ses animateurs actifs et spécialiste des outils numériques au sein du CAC a rejoint l’équipe de l’Eccap en Commun. Il devient le « connecteur » avec le monde des outils numériques libres et en communs.

La relation avec le CAC nous permet de mettre en œuvre aujourd’hui un objet important : rendre visible et audible des controverses. Le prochain exercice s’organise autour du Service national universel. Mais d’autres contreverses sont en préparation : non-lucrativité et néolibéralisme, travail, revenu d’existence…

Nous avons repéré aussi des liens à tisser avec d’autres plateformes ou réseaux avec qui nous aimerions pouvoir travailler : Transiscope, le Collectif de la transition citoyenne, Rispostes Creatives, Alternatiba, le Mouvement des Colibris, Remix the Commons, le Pacte du Pouvoir de vivre…

Une initiative intéressante à soutenir : l’appel de Bastien Sibille du réseau des Licoornes[6].

Il y a quelques semaines, Bastien Sibille, fondateur de la SCIC Mobicoop et coprésident des Licoornes, a lancé un appel mobilisant les forces vives de la Transition et le grand public pour s’engager dans une dynamique de transformation avec comme levier la création d’un fonds d’un milliard d’euros pour accélerer la transition et le modèle des 9 coopératives, plateforme numérique, alternatives des grandes plateformes numériques et structurant des offres dans le domaine de la mobilité, de l’énergie, des télécommunications ou de l’achat local et les circuits courts. Cet appel[7] est à relayer et un plan d’action est en cours de création.

Si vous le souhaitez, n’hésitez pas à rejoindre la dynamique de l’Eccap en Commun !

Pierre-Alain Cardona


[1] Un site wiki permet de voir l’avancement du projet : https://archipel-confluences.org/WikiAdC/?PagePrincipale

[2] Le monde des Communs se relie dans le cadre d’Assemblée : https://assemblee.lescommuns.org/

[3] https://ferme.yeswiki.net/ProtoWiki2ECCAP/?PagePrincipale

[4] Cornelius Castoriadis, l’Institution imaginaire de la société. Editions du Seuil, 1975.

[5] Collectif des Associations Citoyennes. http://www.associations-citoyennes.net/

[6] Les Liccornes sont le rassemblement de 9 coopératives ayant le statut de SCIC engagées dans le champ de la transition : https://www.licoornes.coop/

[7] https://www.linkedin.com/posts/bastien-sibille_appel-innovationsociale-transformation-activity-7053962873609310208-3UVe/?utm_source=share&utm_medium=member_desktop