La culture, un thème que privilégiera l’eccap.

Culture
 
Françoise  Nyssen invitée d’Augustin Trapenard à France Inter le 5 juin 2019 a lu ce texte sur la culture 

La société est en crise. En chinois ‘‘crise’’ signifie à la fois danger et opportunité. 
Crise du matériel, de l’économique à tout prix, crise écologique, crise du politique, crise de la confiance à tous les niveaux. 
Plus que jamais se pose la question du lien et de son importance. La société n’a jamais été aussi connectée mais aussi peu reliée. 
La Nature nous montre l’exemple et pourtant nous la détruisons. 
La symbiose est dans la Nature, partout émerge la nécessité de plus de coopération. 
Fonctionner en écosystème cohérent permet de résister aux prédateurs et ce dans tous les domaines. 
Ma conviction est que la culture par essence peut permettre, peut amener ce lien. 
L’art permet de donner forme à quelque chose au fond de nous, une émotion, un geste, une interrogation. Ce qui n’a pas de forme, d’expression envahit tout et empêche de vivre. 
L’art c’est rendre vivable les choses les plus difficiles. Ce que font les artistes. Cela ne fait pas disparaitre la souffrance mais permet de vivre avec, de transformer. 
L’art permet de s’émerveiller et on a besoin d’enchantement. 
Et l’art permet de partager : ce qui est confus, diffus devient par la création partageable. 
Et ainsi nait la possibilité du lien avec les autres. C’est pourquoi la pratique artistique est si fondamentale pour avancer, pour être acteur de sa vie. 
Elle doit être au cœur de l’école, l’éveil au sensible est une question de santé « culturelle ». 
Et elle se fait par les mots, l’écriture, la lecture, la musique, le chant, le théâtre, la danse, la musique, les arts plastiques… 
Cela ne peut être la cerise sur le gâteau, le supplément d’âme mais constitutif du parcours de chacun dès le plus jeune âge. 
Et ceci en ouverture au monde. 
L’Europe c’est s’ouvrir au monde. La culture doit aussi permettre l’accueil, l’hospitalité, la FRATERNITE. 
Connaître l’autre par sa culture, ses pratiques artistiques, sa langue, c’est s’enrichir du monde et vivre dans le monde avec les autres. 
La langue de l’Europe c’est la traduction écrit Umberto Eco et Paul Veyne conclut son livre sur Palmyre en écrivant que vivre sous une seule culture est comme vivre sous un étouffoir. 
 
Pendant ses 17 mois au Ministère de la Culture (de mai 2017 à octobre 2018), elle s’est sentie soutenue  par E.Macron, mais ignorée par E.Philippe. 

Yves Michaud, philosophe, interviewé par Le Monde du 4 juillet 2019, note que depuis Jack Lang seul Frédéric Mitterrand  est resté Ministre de la culture plus de deux ans. Autrement dit le temps leur a manqué pour faire autre chose que suivre la bureaucratie de leur ministère. Cette instabilité signifie que les Présidents de la République « se moquent de la politique culturelle ». 

Yves Michaud considère que diverses études montrent que « la politique culturelle volontariste menée depuis 1981 a amélioré la vie culturelle des personnes déjà initiées, mais n’a pas joué en faveur des défavorisés ou des exclus de la culture ». Lui-même remarque qu’il peut se payer pour 240 euros une bonne place à l’Opéra Bastille, alors qu’à New-York ou Los Angeles sans subventions, il devrait la payer 500 euros. Tout aussi  grave selon lui : « il y a non seulement les défavorisés de la culture, mais aussi toutes les nouvelles générations dont le rapport à la culture passe par des canaux totalement différents du passé (Netflix, YouTube, Facebook, Instagram etc. ) » En un sens ils n’ont pas besoin d’une politique culturelle ils ont la leur. 

Toujours selon Yves Michaud : « L’idée du Pass culture de Macron était la fausse bonne idée par excellence : pourquoi encore donner de l’argent public aux GAFA ? En revanche, la bonne question est de se demander comment les attirer vers une culture dont ils ignorent parfois tout : lecture, arts plastiques, musique non synthétique, théâtre. Et là je ne vois qu’une solution, une seule, commencer très, très tôt, dès l’école par des après-midi entiers de pratiques artistiques et culturelles ». 

L’eccap reviendra sur toutes ces questions qui nous paraissent centrales. Dès maintenant on peut consulter l’article sur les orchestres à l’école qui relate l’expérience de Gardanne et St Brieuc. Cet article sera bientôt actualisé par ce qui s’est passé ces deux dernières années. Bruno Viard fera un article sur l’enseignement de la littérature etc.