En 2024,  tisser des liens pour catalyser les rencontres et faire levier de transformation

Une démocratie pour vivre ensemble

L’équipe de l’Encyclopédie du changement de cap est investie dans la dynamique de l’Archipel des Confluences. Depuis la dernière Université d’Utopia à Sète, une rencontre s’est tenue à Paris le 16 décembre dernier afin d’en faire le bilan et de tracer les perspectives pour 2024.

Après Sète, quel temps et quels espaces en 2024 ?

Si le bilan de l’Université de Sète a été très positif, avec de nombreuses rencontres, il reste à consolider de nouvelles alliances entre réseaux d’acteurs. La prochaine étape est cruciale, elle nécessite de poursuivre notre rôle de tisserand afin de catalyser ces alliances pour espérer que les prochaines années ne glissent pas vers une élection présidentielle gagnée par un axe droite/extrême-droite.

Au sein de cet espace de confluences, nous partageons deux dimensions essentielles à articuler : le temps et l’espace.

Le temps, car le premier enjeu est la coproduction d’un agenda stratégique nous permettant de repérer les différentes étapes et les « séquences » comme l’expriment les communicants, pour mobiliser, consolider, diffuser et faire levier.

L’espace, car au-delà de l’espace public qu’il faudra animer et faire vivre, il y a d’abord les espaces à ouvrir pour accueillir et croiser de nombreux réseaux qui, trop souvent, restent « dans leur couloir de nage » ou rattrapés par leur identité racine et la « survie » de leur organisation ou raison d’être.

Un projet mégalodeste dans un contexte inflammable !

Le projet présenté notamment par Patrick Viveret est à la fois mégalo et modeste[1].

Il présente l’enjeu d’organiser « la grande alliance des Forces de vie ».

Mégalo, car il s’appuie nécessairement sur une analyse systémique et planétaire et à cette échelle, nous mesurons notre influence relative.

Notre monde glisse vers des peurs et des replis, de notre intimité aux voisinages, de notre territoire local au national et jusqu’aux dimensions planétaires qui ne peuvent être oubliées tant sur les enjeux climatiques, écologiques et économiques que sur les enjeux diplomatiques et géopolitiques avec la situation à Gaza qui, à la fois, catalyse et fige les désirs de paix car la colère nous envahit.

Cette colère et cette émotion, du 7 octobre en Israël aux jours d’après, sont révélatrices du sentiment d’impuissance qui peuvent nous envahir et de la nécessité d’agir ensemble pour ouvrir, là encore des espaces et du temps à l’expression de notre humanité. C’est pourquoi, nous avons pris l’initiative d’ouvrir des « Places à l’Humanité »[2] à Sète et que nous engageons chacune et chacun, là où il peut, à affirmer que la paix, par une solution politique est le seul chemin. En attendant, que peut-on faire, à notre échelle ? Comment agir et se mobiliser au-delà des manifestations ?

Un projet mégalodeste expliqué en quelques mots

C’est pourquoi, il est utile de se rappeler que si tout est lié, tout ne dépend pas de notre action. Le temps et l’espace sont aussi des données pour chacune et chacun d’entre nous. Notre disponibilité a donc ses limites et c’est pourquoi il est si nécessaire de se sentir lié, relié, à un écosystème qui nous porte comme nous le portons. Cet écosystème a besoin d’une vision partagée, le côté mégalo mais aussi d’un ancrage dans l’action quotidienne, le côté modeste !

Assumant à la fois notre côté mégalo et modeste, nous avons conscience qu’il faut expliquer en quelques mots notre inspiration, notre intention, notre intuition et notre attention pour tenter de mobiliser au-delà de nos cercles et de nos voisinages.

Une inspiration

Une inspiration de l’Archipel et de l’imaginaire d’Edouard Glissant autour de la tension créatrice entre l’identité racine et de l’identité relation.[3]

L’archipel existe tout autour de nous. Il est puissant et multiple. Il peut dégager un sentiment de puissance et de richesse comme un sentiment d’impuissance et d’émiettement. C’est pourquoi, il est indispensable de soutenir les personnes qui portent cette identité-relation et font vivre ainsi les interactions.

Une intuition

Nous considérons que la dimension relationnelle est portée par ces individus assumant un rôle d’explorations, de tisserands et de catalyseurs[4]. C’est donc autour de ces individus que nous devons travailler à des stratégies de catalyse. Or, les tisserands sont souvent exposés à multiplier leurs relations et à s’épuiser s’ils ne trouvent pas de leviers pour catalyser et transformer modestement leur environnement de vie et d’engagement. Nous devons donc renforcer ces postures essentielles à la vie d’un archipel.

Une intention

L’Archipel des confluences s’est fixé comme intention d’ouvrir un espace à ces tisserands afin de renforcer les liens entre les réseaux et organisations qui tentent de changer de cap. C’est pourquoi, l’équipe de l’Eccap s’est investie dès son lancement en octobre 2022 dans cette aventure. Il y a un enjeu important de documentation de ce processus complexe autant pour contribuer à l’écriture d’un récit commun que capitaliser aussi les nombreuses expériences passées qui méritent d’être analysées. Ces retours d’expériences sont un des premiers matériaux coproduits dans ces espaces relationnels.

Une attention

Afin de développer notre capacité de tissage et donc de catalyse, nous devons d’abord être attentif à deux exigences individuelles : se questionner et travailler nos propres postures. L’un des premiers freins analysés dans les retours d’expériences des précédentes initiatives des archipels, c’est la difficulté de questionner paradoxalement nos postures vis-à-vis des autres. Pour des personnes se reconnaissant comme des tisserands, cela peut apparaître surprenant. C’est totalement normal tant nos habitus, nos réflexions devenant des réflexes, il est plus simple de questionner les postures des autres que la sienne. Cela est un processus engageant et qui fonctionne mieux car le collectif de travail, les relations de confiance, l’inter-connaissance ont consolidé notre capacité de faire ce pas de côté nécessaire.

Inspiration, intuition, intention et attention s’inscrivent dans le temps et dans l’espace pour imaginer un autre horizon pour 2026, 2027 et 2030. C’est l’enjeu d’une Autre campagne à imaginer ensemble.

Pierre-Alain CARDONA


[1] https://www.archipel-confluences.org/WikiAdC/?AdC-Rencontre270124-1

[2] https://www.archipel-confluences.org/WikiAdC/?Gaza0

[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_Glissant

Identité Racine : L’identité racine, selon Glissant, renvoie à l’ancrage identitaire d’un individu dans ses origines, ses racines culturelles et ethniques. C’est la partie de l’identité qui est souvent associée à la stabilité, à la permanence, et à la recherche d’une essence fixe. Glissant critique cette conception figée de l’identité, soulignant que l’humanité est caractérisée par une diversité dynamique plutôt que par des essences immuables.

Identité Relationnelle : L’identité relationnelle, en revanche, est liée à la manière dont les individus interagissent, se connectent et se métissent avec d’autres cultures. C’est une conception de l’identité en constante évolution, influencée par les rencontres, les échanges et les relations interculturelles. Glissant encourage à embrasser cette dynamique, à reconnaître la complexité des influences mutuelles entre les cultures, plutôt que de se fixer sur des frontières strictes.

Pour Glissant, l’identité relationnelle est essentielle pour comprendre et vivre dans un monde marqué par la mondialisation et la cohabitation de multiples cultures. (texte édité suite à une requête sur https://chat.openai.com, vérifié et relu par PA Cardona)

[4] https://www.archipel-confluences.org/WikiAdC/?Attitudes