Des Petites Cantines pour lutter contre la solitude urbaine

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Ce sont de drôles de restaurant qui ont ouvert leurs portes depuis 2016 dans 9 villes de France. Pas de cuisiniers, pas de serveurs, mais une ou deux maitresses de maison. Pour dire vrai ce ne sont pas vraiment des restaurants même si on y sert à manger environ 30 à 40 convives tous les midis. Les Petites Cantines, puisque c’est d’elles qu’il s’agit se présentent comme un réseau de cantines associatives ouvertes sur leur quartier pour créer du lien social et lutter contre l’isolement. Certains viennent cuisiner le repas, d’autres viennent juste déguster, échanger et participer dans une ambiance chaleureuse. Tout le monde est bienvenu. Les prix sont libres, chacun donne ce qu’il veut ou ce qu’il peut. 
 
Les Petites Cantines reposent sur un concept simple : permettre à des habitants d’horizons variés de se rencontrer autour de repas participatifs, durables pour contribuer à construire une société fondée sur la confiance. Les maitres mots sont entraide et intelligence collective. Ici tout le monde met la main à la pâte, les seules salariées de l’association sont des maitresses de maisons chargées de gérer et d’animer le lieu, s’occuper des approvisionnements et de faciliter les échanges. Le prix est libre afin d’accueillir tout le monde sachant que la précarité est un facteur d’isolement relationnel. Pas de minimum, l’essentiel est de participer (après avoir réglé une adhésion annuelle, ici encore le tarif est libre). Le prix d’équilibre est d’environ 13 euros. La solidarité vient faire la balance : ceux qui peuvent donner plus équilibrent ceux qui ont moins de moyens. 
Les approvisionnements sont pensés dans une logique d’alimentation responsable privilégiant l’achat en vrac, les circuits courts et la récupération d’invendus afin d’éviter le gaspillage alimentaire.
La première Petite Cantine a vu le jour en septembre 2016  à Lyon-Vaise à l’initiative de la  journaliste Diane Dupré la Tour et d’Etienne Thouvenot, ingénieur chez SEB et spécialiste de l’innovation sociale. Le succès est immédiat : en 8 mois elle enregistre plus de 3000 adhérents et près de 500 habitants rejoignent les équipes de cuisine participative. Depuis 9 autres cantines ont ouvert leurs portes à Toulouse, Paris, Montpellier, Villeurbanne, Oullins, Lille, Strasbourg, Grenoble, Annecy. Mieux, une dizaine de projets sont en cours. L’une des dernières nées à Grenoble vient de fêter ses 6 mois d’existence. Au compteur, plus de 2000 repas partagés, de 44 ateliers et de 900 adhérents. « Nous accueillons des personnes au parcours de vie, aux âges et aux milieux sociaux très différents : familles, actifs, personnes âgées, étudiants, personnes seules, en situation de précarité ou de handicap » souligne Sophie Fitte l’une des trois fondatrices. « Tous les jours elles nous disent combien ce lieu leur fait du bien. Et pas uniquement parce que les repas sont bons et équilibrés ». Des ateliers sont également proposés en couture, broderie, contes, jeux de société et le local peut être privatisé à la demande. « Pour monter le projet et jusqu’à son ouverture nous sommes allées chercher de l’argent. Il fallait trouver un local, faire des travaux, l’aménager, communiquer mais l’idée est d’être autonomes financièrement. C’est un équilibre fragile du fait du modèle économique audacieux du prix libre mais cela marche : depuis deux mois nous y arrivons ».
Avis aux amateurs : le réseau des Petites cantines organise régulièrement des ateliers de deux jours pour les porteurs de projets.
Véronique Charreyron.