N°= 37: De nouvelles pistes pour l’eccap 15/102020

AvenirEconomie sociale et solidaire

De nouvelles pistes pour l’ECCAP

Dans la lettre 34, nous rappelions l’enjeu pour l’espace numérique – principalement académique – qu’est l’eccap de s’adosser à des espaces physiques de débats et d’actions collectives – tels que les cafés associatifs – , afin de répondre à un objectif commun d’éducation populaire. Dans cette lettre 37, après un rapide point de situation de l’encyclopédie, nous vous présentons l’espace physique – le Grin – avec lequel une coopération se construit. Cette coopération se matérialise par un premier appel à participation des lecteurs et lectrices de l’eccap autour de la thématique « changement de cap et travail ».
Point de situation de l’eccap : comment contribuer à une prise de conscience collective ? Destruction du monde naturel, humanité augmentée, extinction du politique, marchandisation de la société, société de surveillance sont autant de constats, développés dans la toute première lettre de l’eccap, qui ont amené à la création de l’encyclopédie. L’eccap fait le pari qu’un sursaut citoyen d’ampleur permettrait d’éviter le pire. Pour cela, elle se veut outil de formation et d’information citoyenne. Ainsi, depuis 2017, une centaine de contributions (articles et lettres) permettent d’identifier des dérives de nos pratiques et de rechercher différents chemins pour un autre cap.
De la matière, précieuse, est construite. Elle est rendue visible par le site Internet de l’eccap et par sa lettre bimensuelle. Cette première étape, nécessaire, ne suffit pas à une prise de conscience collective. En effet, la mise à disposition de contenus ne signifie ni accessibilité – dans la profusion d’informations – ni formation. De plus, ces contenus ne sont pas débattus, ni en dehors de l’eccap ni entre les contributeur∙rices[1]. Or, il nous semble que c’est par la participation que les citoyen∙nes se sentant concerné∙es par un sujet peuvent développer leur capacité à former des jugements sur des problèmes publics (Dewey, 1927). Autrement dit, l’eccap, en cohérence avec son projet social, pourrait nourrir les débats et l’action collective dans les espaces publics de proximité de la société civile et en retour s’enrichir des réflexions citoyennes. C’est dans cette optique que nous proposons d’expérimenter une collaboration avec un premier espace physique : le café associatif « Grin ».

Une coopération avec un espace physique : le Grin
Le Grin est le nom que l’on donne au Mali à ces groupes de personnes qui se plaisent à défaire et refaire le monde autour du thé. Le Grin[2] à Clermont‑Ferrand est un espace public de proximité : un espace de causeries construit autour des trois thés du Grin traditionnel. Le premier, amer, symbolise l’étonnement vis-à-vis des opinions et connaissances que l’on a adoptées ; le deuxième, fort, la construction de savoirs à partir de l’expérience collective ; le troisième, sucré, l’ouverture à la multiplicité des façons de penser de tout un chacun. Le Grin se veut aussi grain de sable : il ne s’agit pas de se complaire dans des certitudes mais de les mettre en débat. Avant d’être un espace physique, le Grin est un idéal en travail : il s’agit de créer et partager des savoirs et des visions du monde pour avancer ensemble.
Le Grin s’appuie sur ces trois thés pour explorer avec son public, pendant un trimestre, une question de société par le prisme de plusieurs mondes – sciences, sports, arts, spiritualités etc. – et de plusieurs sens – les sensations (les cinq sens ou le corps), les significations (la raison), la sensibilité (l’émotion). Jusqu’à la fin du mois de décembre, c’est la thématique du travail qui est abordée, intitulée « Bosser Bosser » : défaire et refaire le mot travail, faut-il travailler pour avoir un revenu, le travail intérieur, le travail de création…. sont autant de façons pour le Grin d’appréhender la thématique.
Nous proposons plus spécifiquement aux ancien∙nes et futur∙es contributeurs et contributrices de l’eccap de se pencher sur la thématique « changement de cap et travail » : écriture d’un article, témoignage, propositions musicales, illustrations graphiques, participation à un podcast (via un entretien téléphonique avec un membre du Grin), participation à une causerie au Grin etc.… votre participation alimentera la rubrique « travail »[3] de l’eccap, voire ses débats, et sera confrontée aux publics du café associatif « Grin ».
Voici donc une première proposition très concrète permettant, en accord avec le projet social de l’eccap, de diversifier les formats des contributions et de favoriser l’intelligence collective autour du changement de cap, sur une thématique – le travail – en cours d’exploration dans un espace public de proximité – le Grin.

Florine Garlot
Chercheuse en sciences de l’information et de la communication dans le milieu associatif, impliquée au sein du Grin
[email protected]

[1] Un débat sur la convention citoyenne est né cet été (2020). Il est visible en ligne ici.
[2] Le Grin est initialement porté par l’association franco-malienne Kodon. Le Grin a plusieurs activités en son sein : librairie et bibliothèque des Afriques, café et production de jus, média (causeries et podcasts). Plus d’informations sur le site du Grin.
[3] La rubrique travail de l’eccap compte à ce jour les articles suivants :Au-delà de l’emploi, quelles activités ? par Guy Roustang
Le travail, instrument de domination, par Guillaume Borel
La RTT, béquille du productivisme ou porte d’un nouveau monde ? par Maurice Merchier