L’association de production et d’éducation à l’image La Trame est à l’initiative d’une série documentaire portant sur le revenu de base, l’occasion d’interroger la place du travail et celle du temps de “loisir” dans nos vies.
Les liens entre l’encyclopédie du changement de cap et l’association La Trame
La question du travail est au cœur des enjeux portés par l’Eccap et son fondateur Guy Roustang. Investi au sein d’Utopia, c’est lors de l’université d’été en 2022 que j’ai rencontré Vincent Glenn, documentariste et investi sur les questions sociales et écologiques depuis des années contribuant aussi à l’animation de l’Archipel Écologie et Solidarités depuis ses origines. Il est aussi l’un des piliers de l’association La Trame.
C’est durant cette université d’été qu’a été lancé la dynamique de l’Archipel des Confluences. A cette époque, nous partagions le même constat et les mêmes désirs de partir de nos colères et de nos impuissances pour tenter de bifurquer.
L’Eccap qui s’est lancée dans les Confluences et qui documente ses étapes, ses rencontres, tente de mettre en lumière ses ressources par l’écrit et quelques premières tentatives de nouvelles écritures n’a eu de cesse de cheminer avec Vincent pour croiser et peut être renforcer une stratégie commune.
C’est pourquoi, nous avons souhaité diffuser et soutenir l’appel de l’association La Trame, animée par Boris Claret, Isabelle Dario et Vincent Glenn
Tous trois sont investis dans un projet au long cours en mobilisant deux qualités que nous partageons, ils sont tous trois des tisserands mais aussi des catalyseurs avec leur savoir-faire pour produire des imaginaires à partir de récits et d’images, des monteurs où le fil n’est pas que leur pellicule mais bien les rencontres et les idées qu’ils tissent.
De Base, est une série autour du travail et du revenu de base. Ce sujet s’est nourri d’échanges autour des controverses. Le revenu de base a été une de nos premières controverses repérées et testées par Florine Garlot et Eric Dacheux, tous deux impliqués dans l’Eccap. Ils se retrouvent avec de nombreux autres intervenants dans les extraits de la série, d’ores et déjà visionnables en ligne.
Autant pour l’Eccap, il fallait d’abord préciser les définitions et les stabiliser avant d’entrer en controverses. C’est pourquoi, cette année 2024 sera pour nous, une année autour des questions du travail. Autant pour Isabelle, Vincent et Boris, co-réalisateurs, l’enjeu est d’abord de rendre visibles et lisibles les arguments de celles et ceux qui contribuent aux débats publics sur le sujet, si essentiel, de la place du travail dans notre société, ses formes de rémunération, en salaires mais pas que.
C’est pourquoi l’approche du documentaire est si complémentaire et nécessaire pour la diffusion et l’animation de débat public. Autant d’épisodes qui incarneront des réalités et des savoirs différents et si importants à entendre « en même temps » ! Nous apprenons autant d’un philosophe, d’un ergonome, que d’un travailleur, ou d’une personne en recherche d’emploi, au chômage, précarisé et dominé.
C’est la force et l’importance de cette initiative, cette tentative que nous appelons à soutenir pour construire dans la durée des opportunités de se rencontrer, de développer un propos, de ménager des espaces de réflexivité pour toutes et tous.
En savoir plus sur la série documentaire De base initiée par l’association La Trame
De base, commence sa narration à partir du vote de la loi Travail-Dussopt qui, depuis novembre 2023, conditionne l’allocation du RSA à de « l’activité obligatoire… A partir de là, les chemins sont pavés des meilleures intentions comme autant de questions : pourquoi avoir fait ça, est-ce qu’il n’y a pas autre chose à imaginer s’agissant “d’encourager” les personnes éloignées de l’emploi à “revenir sur le marché du travail” ? Quelles ont été les grandes étapes, les conquêtes sociales, qui ont conduit au RMI puis au RSA? etc.
Cette série documentaire a été conçue pour parcourir collectivement notre histoire et inviter à réfléchir au futur. Le film comme “principe actif”. Cette forme permet une exploration large (partant de la notion revenu de solidarité jusqu’aux propositions de “revenu d’existence” en passant par des enjeux économiques, écologiques, fiscaux) et l’implication d’une grande diversité d’acteurs et actrices.
« On nous demande parfois si ça va être une collecte de recueil de paroles “d’experts” ou “d’intellos”. On répond qu’il y en aura parmi les acteurs (sociologues, historiens, syndicalistes, élus…) mais que nous comptons aussi beaucoup sur les contributions de gens qui savent pratiquement ce que signifie vivre quand on est au RSA, chômeur de longues durée, étudiant ou encore petit paysan en galère. Il s’agit d’une mise en récit, d’un télescopage de témoignages et de réflexions sur ce qui est et ce qui pourrait s’améliorer. Mettre en chantier cette série, c’est créer une “communauté d’enquêteurs” (pour reprendre le terme de John Dewey) susciter des discussions, des controverses, mais aussi, l’émergence de certaines “évidences”, établir une forme d’expertise collective. Le cinéma n’est pas la vérité, mais un outil de connaissance, d’investigation, un outil pour révéler certaines choses, créer des moments d’attention partagée (lors des tournages comme lors des projections). »
Cette série est une occasion de relier toutes sortes de militances, de parcourir collectivement notre histoire et notre modèle social, une forme d’arpentage non pas au travers des feuilles d’un livre mais de morceaux de nos vies. Isabelle, Vincent et Boris, co-réalisateurs comme autant de monteurs-relieurs donnent à voir ce qui émerge de nos colères, ce qui forge nos désirs de mobilisation, ensemble « face au traitement des précaires par le macrono-darmanisme. »
« Notre désir est donc bien de faire preuve d’un récit porteur d’une exigence formelle (avec le recours à de possibles archives audiovisuelles, un graphisme travaillé, un traitement sonore et musical approfondi) sans négliger les moyens d’obtenir une diffusion conséquente (avec organisation des débats, coordination trans-réseaux, attaché de presse, diffusion sur internet, circulation des films dans les salles etc.). Voilà pourquoi nous avons décidé de viser une somme conséquente, permettant tout simplement de rémunérer des professionnels en proportion de ce qu’un tel chantier nous semble demander. »
Pour aller plus loin et contribuer
Un seul geste utile pour commencer, aller sur le site d’Hello Asso pour soutenir ce projet et découvrir les extraits : https://www.helloasso.com/associations/la-trame/collectes/de-base
Vous y trouverez aussi l’ébauche d’un récit et la note d’intention qui démontrent d’abord le désir de faire de nombreuses personnes les coproducteurs de cette série. Une attention à être transparent sur le cheminement qui a dessiné les grandes lignes du projet. Une intention autour de 12 points qui correspondront aux 12 épisodes (de 20 à 30 minutes) et qui nous permettront d’aborder ces questions avec un bon degré de nuances mais avec aussi la nécessité que chacun pourra être vu indépendamment des autres, avec une introduction commune à chaque fois. Une autonomie des épisodes qui permettra ainsi de faire vivre cette série dans les lieux où la parole circule, les engagements collectifs se construisent et les leviers de transformations se co-produisent !
Nous vous tiendrons au courant, dans le fil de nos aventures partagées, des premières mises à l’eau de ces épisodes.
Pierre-Alain CARDONA