Au-delà du dualisme Etat-marche pour une autre conception de l’économie

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Pour une diversité institutionnelle au-delà du dualisme Etat-Marché.
Au 20ème siècle, une certaine conception de l’économie reposait sur le dualisme Etat – marché. Les affrontements gauche-droite tournaient autour de plus ou moins d’Etat-Providence. Cela alimentait l’individualisme de l’homo economicus qui intervenait sur le marché et celui du bénéficiaire de l’Etat-Providence. 

Le concept de commun, au-delà du dualisme Etat/marché permet de rendre compte de multiples initiatives de solidarité et de mutualisation des ressources, qui manifestent la volonté d’un nombre croissant de citoyens de reprendre en mains leur destin[1]

Pour dépasser également le dualisme Etat/marché, Jean-Louis Laville montre comment la répression de juin 1948 a occulté ce qu’a été l’associationnisme et les pratiques populaires novatrices qui prolongeaient la démocratie politique dans la vie sociale et qui allait à l’encontre de la séparation entre politique et économie [2]

C’est donc à un passage de l’individualisme à l’individuation que nous appelle Jacques Perrin[3]. Autrement dit passer de l’individualisme qui oppose une tendance à ne penser qu’à soi (avec l’affirmation de Margaret Thatcher : « la société n’existe pas ») à l’individuation, à l’idée que l’individu est relationnel. 

Dans le petit livre « Quel monde associatif demain ?- Mouvements citoyens et démocratie »[4], chercheurs et acteurs associatifs présentent deux scénarios, le premier qui analyse les diverses entraves au développement du monde associatif, le second qui montre les dynamiques à mettre en œuvre pour aboutir à une autre construction de l’action publique. Notamment en réunissant les potentialités du monde associatif, des communs et de l’économie sociale et solidaire. 

Pour une critique radicale du courant dominant de la théorie économique. 

Dans le livre qu’il publie avec Felwine Sarr – L’économie à venir – Gaël Giraud insiste : « En réalité, nous sommes dans des économies de la mal-croissance, fondées sur un faux système comptable qui omet de comptabiliser ses vrais coûts et nomme inadéquatement ses actifs et ses passifs (…) Une économie du vivant serait fondée sur une réévaluation de l’utilité de tous les secteurs de la vie économique au regard de leur contribution à la santé, au soin, au bien-être, à la préservation du vivant et à la pérennisation de la vie, à la cohésion sociale. »
Gaël Giraud est président d’honneur de l’Institut Rousseau qui souhaite « promouvoir des modes de gouvernance plus collectifs, soucieux d’impliquer les citoyens et de garantir leur confiance dans le temps, en même temps qu’il nous faut un regard neuf sur les phénomènes naturels, politiques et sociaux qui nous entourent ». 

[1] Voir dans la rubrique Communs de l’eccap, l’article de Jean-Benoit Zimmermann. Voir aussi l’article de Guy Roustang dans la même rubrique sur le livre de P.Dardot et C.Laval. 
[2] Voir dans l’eccap, l’article de J.L.Laville : L’association, de l’histoire à l’actualité.
[3] Voir in eccap, article de Jacques Perrin, individualime et Individuation.
[4] Ed. Erès, avril 2021.