ALIMENTATION / ENVIRONNEMENT : UNE CERTAINE VISION DU MONDE

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Paraphrasant Brillat-Savarin, on pourrait dire : “Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es”. La nourriture est vitale, c’est un acte effectué quotidiennement. C’est banal de le redire mais cela rappelle l’importance de ce que nous mangeons et buvons plusieurs fois par jour au moins dans les pays occidentaux (ce qui est loin d’être le cas pour les autres).
 
Ce que nous mangeons dépend en réalité de qui l’a fait pousser, de qui le vend et du type de repas préparé. 
 
En mangeant ce qui pousse là où nous vivons au moment où cela pousse, cela détermine grandement nos pratiques de consommation :
 
–     on utilise des aliments auxquels notre organisme est adapté. De plus, en privilégiant les légumes de saison on réduit d’autant les besoins de conservation, autrement dit les aliments en conserve et donc les conservateurs souvent nocifs. Les produits frais sont au demeurant beaucoup plus riches en vitamines. C’est le moyen d’éliminer les surgelés et le micro-ondes aux effets douteux,
 
–     on fait travailler l’agriculture locale et régionale. D’une part, cela réduit les circuits de commercialisation (réduction au minimum des intermédiaires sous forme de centrales d’achat ou de distribution sur des bases coopératives), d’autre part des circuits courts réduisent les délais de mûrissement, les emballages et les transports (donc diminution de la pollution et des déchets). Enfin, la proximité facilite les rapports directs (plus personnalisés et plus humains qu’avec la caissière du supermarché !),
 
–     on participe le moins possible à l’exploitation du tiers-monde. Ne pas manger d’haricots verts en hiver, c’est éviter d’en importer d’Afrique et donc favoriser les cultures vivrières souvent abandonnées au profit d’exportations, source de devises pour équiper les armées nationales. Si, en plus, on ne mange pas de viande , on contribue à limiter les besoins en céréales ou légumineuses (tourteaux, soja …) importées des pays en développement pour nourrir le bétail des pays occidentaux.
 
Arrêtons de manger des tomates en hiver ou printemps alors qu’elles poussent chez nous dans les champs en été – certains finissent par ne plus le savoir. Autrement, on a des légumes d’importation ou de serres chauffées (donc consommatrices d’énergie) qui sont plus chers et souvent insipides.
 
Un mot enfin sur la nourriture végétarienne existant depuis des siècles alors que, passé le temps des cueilleurs-chasseurs, la nourriture actuelle, en général à base de viande, a commencé à connaître un grand essor avec la généralisation des réfrigérateurs pour la conserver (après la 2° guerre mondiale). Quant à la nourriture industrielle, elle se développe en même temps que les techniques mécaniques (tracteur ….) et chimiques à partir du début du XX°siècle par reconversion des industries chimiques de guerre. Ces techniques ont amélioré les rendements dans un premier temps puis ont ensuite épuisé les sols.  
 
Cuisiner des céréales (blé, épeautre, maîs, millet, orge, avoine, sarrasin, riz, quinoa) et des légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots rouges ou noirs, soja …) offre une diversité autrement plus riche qu’avec la viande. C’est une autre façon de s’alimenter, une autre façon de voir les choses. 
 
Cette alimentation simple qui fait peu appel aux produits transformés permet de manger les aliments complets (non raffinés) qu’il faudra donc acheter en provenance de cultures biologiques pour éviter les pesticides contenus dans les enveloppes des grains.
 
Outre qu’elle est plus hygiénique, ce type d’alimentation permet de ne pas participer à la chaîne industrielle de la viande avec toutes ses atrocités (antibiotiques, gavage, abattage…) et à l’irrationalité qu’elle véhicule puisqu’ avec 1 kg de céréales on nourrit presque 10 fois plus de personnes qu’avec 1 kg de viande pour lequel on aura donné 7 à 10 kg de céréales à l’animal.
 
Je ne m’étends pas sur le grave sujet de la viande largement traité par ailleurs 
 
 
Nourritures corporelles, nourritures des sens … méritent réflexion et que l’on prenne un peu de temps pour les cuisiner. 
 
Olivier DOMENACH